L'histoire :
Depuis quelque temps, le jeune Peter Stanchek se découvre d'étranges capacités qu'il a du mal à appréhender. Au début, ce n'était que quelques voix qu'il parvenait à entendre dans sa tête, comme s'il pouvait lire les pensées des personnes autour de lui. Mais ses dons ne se semblent plus se limiter à la télépathie car désormais il parvient même à déplacer des objets par la force de la pensée. Perdu face à ces changements qui arrivent si soudainement, il décide de rédiger un courrier suite à une annonce découverte dans le journal proposant de venir en aide aux personnes dotées de facultés hors du commun. La fondation Harbinger répond favorablement à la demande de Peter et lui envoie rapidement une somptueuse limousine afin qu'il rencontre le créateur du groupe, un certain Toyo Harada. Ce dernier est lui aussi détenteur de puissants pouvoirs et a pour objectif de pousser Peter dans ses derniers retranchements afin qu'il parvienne à maîtriser l'intégralité de son énorme potentiel. Mais plus il maîtrise ses nouvelles capacités, plus il s'en sert de manière malhonnête, quitte à se brouiller avec ses plus proches amis. Harada prend conscience de l'instabilité mentale du jeune prodige et de sa grande dangerosité, il ordonne alors la froide sentence de l'éliminer. Déjouant les plans de son mentor, Peter décide en retour de détruire totalement la fondation Harbinger et pour parvenir à ses fins, se lance en quête d'autres sujets comme lui, doté d'incroyables pouvoirs.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir publié les premières aventures d'Archer et Armstrong par Barry Windsor-Smith, Bliss s'attaque à un autre gros morceau fondateur de l'univers de l'éditeur Valiant avec la série Harbinger. Aux manettes nous retrouvons deux grands noms de l'industrie du comics avec Jim Shooter au scénario et David Lapham pour les dessins. Publiée au début des années 90, la série est construite comme une sorte de version plus désenchanté et mature de l'école pour mutants du professeur Xavier. Macho tout en testostérone, adolescente allumeuse, gamine en surpoids : nous avons ici à faire à une équipe qui n'est clairement pas consensuelle mais qui est sûrement plus en phase avec la réalité. Shooter ne prend pas de pincettes avec ses personnages parfois caricaturaux pour lesquels il élabore des dialogues qui sont souvent très crus. Cependant, même si le résultat est plus ou moins réussit, on pressent déjà dans ces pages la liberté de ton qui fera de Valiant un des éditeurs le plus novateur de l'industrie du comics face aux géants Marvel et DC. On croise d'ailleurs dans ce volume de nombreux personnages qui constituent à présent des figures de poids du catalogue de l'éditeur, comme Faith, Armstrong, Toyo Harada ou bien encore Rai, notamment dans les épisodes du crossover Unity. De son côté, David Lapham nous propose un travail aboutit avec des planches dynamiques et grouillant de détails que la colorisation chargée vient malheureusement gâcher, surtout lorsque l'on connaît la maîtrise exceptionnelle du noir et blanc de l'auteur de Stray Bullets. Harbinger première génération, c'est donc un peu comme l'esprit d'un ado rebelle, brut de décoffrage, mais aussi plein de belles promesses sur l'avenir.
