L'histoire :
1948 : après le tragique événement d'Hiroshima, la paix doit maintenant s'installer au Japon. Le lieutenant général est envoyé par les Etats-Unis pour faire un discours unificateur et rassembleur. Mais les choses ne se passent pas vraiment comme prévu : un enfant appelé Harada déclenche une réaction étrange : toute la foule se prosterne devant lui. Furieux, l'officier américain demande qui est cet inconnu mais à peine a-t-il fini de parler qu'il se retrouve seul dans un immense hangar en compagnie de ce mystérieux enfant. Il ne comprend pas ce qu'il se passe. L'enfant, d'une voix monocorde, lui explique qu'il passe son temps à lutter contre les puissants car ils sont tous des voleurs : les Yakuza et les Américains font partie du même panier. Il lui intime l'ordre de distribuer les richesses dans tout le pays. Pour ce faire, il tend sa main sur son front, les yeux luminescents. Bien des années plus tard, le monde est déchiré par des luttes intestines. De nombreux pays et peuples se soulèvent contre l'autorité gouvernementale ou le capitalisme. De nombreux groupuscules se réclament de l'influence de Toyo Harada. Pour réagir face à cette menace, la compagnie Rising Spirit va mettre les moyens pour contrecarrer la puissance du psiotique !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Toyo Harada est au centre de nombreuses séries Valiant, que ce soit contre Bloodshot ou Rising Spirit ou à la tête de la fondation Harbinger. Pourtant, le plus puissant des psiotiques n'avait jamais véritablement été la vedette d'un comics. Complexe et fascinant, puissant et fragile, visionnaire et dangereux, humaniste et égoïste, ce super-héros trouble et charismatique a pourtant tout pour créer un grand récit. Joshua Dysart s'est chargé de le faire avec une maestria remarquable. Le choix du scénariste est judicieux puisqu'il mêle habilement actions punchys, récit nerveux, manipulations étonnantes et réflexions géo-politiques. L'histoire est particulièrement ambitieuse mais pouvait-il en être autrement avec le maître du monde ? Dysart réinvente non seulement les super pouvoirs en créant une nouvelle galerie de personnages qui enrichit l'inventaire Valiant mais il offre également un récit parfaitement huilé, complexe et prenant à la fois. À la fin de chaque chapitre, on ignore ce que l'on va ensuite découvrir tant les flashbacks et surprises sont nombreux. Il faut dire que Harada est passé maître dans l'art de l'anticipation et de la dissimulation. Le divertissement est donc prodigieux mais il s'accompagne également d'une incroyable vision de l'humanité et du monde d'aujourd'hui. Dysart en profite pour interroger nos politiques, notre histoire et notre fonctionnement et change le monde de façon idéale. Si l'ONU n'a pas pu éradiquer la misère et la famine dans le monde dans UN3, Harada se charge de le faire et de quelle manière ! La puissance qui se dégage de l'ensemble est sublimé par des dessinateurs de haut vol comme Cafu ou Dough Braithwaite (même si d'autres, moins présents, sont un peu inférieurs). Les couleurs d'Andrew Delahouse ajoutent une plus-value et une modernité certaines. Un récit à la hauteur de Toyo Harada : un vrai coup de maître !