L'histoire :
Craig Thompson a trois ans de plus que son petit frère, Phil. Enfants, Craig et Phil partagent le même lit. De quoi trouver 1000 prétextes de jeux lorsque le sommeil ne vient pas. Des jeux parfois tellement bruyants que pour les séparer, leur père va parfois jusqu’à enfermer Phil dans le terrible cagibi aux araignées. Bercé toute son enfance par l’évangile et une éducation chrétienne extrêmement rigoureuse, Craig est souvent épris d’un fort sentiment de culpabilité, en dépit de responsabilités partagées. Au collège, Craig est un peu le bouc émissaire de ses camarades, avec sa coupe de filles et son style un peu coincé. Il faut dire que dans le trou paumé du Wisconsin où il grandit, les mentalités ne sont guère évoluées. Comme pour échapper à cette vie matérielle si injuste, et dans laquelle il n’est « que de passage », Craig se réfugie souvent dans le dessin. Une fois adolescent, on l’encourage à poursuivre des études de théologies. C’est ainsi que dans un camp paroissial de vacances, il tombe raide amoureux de Raina…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
N’ayez pas peur de vous lancer dans la lecture de ce pavé en noir et blanc de 600 pages : il se lit tout d’une traite. Et pour cause, c’est un véritable chef-d’œuvre ! Une bouffée de sentiments positifs émane de ce récit autobiographique. Craig Thompson, talentueux dessinateur éduqué à la sauce ultra-catho, parvient avec une force inouïe à nous faire ressentir sa propre enfance/adolescence. Son histoire d’amour est racontée de manière si sincère, que tout lecteur s’assimile forcément à un moment ou à un autre à ce héros émouvant d’honnêteté. Et il est inconcevable de ne pas tomber irrémédiablement amoureux de Raina, personnage de papier à qui Craig Thompson donne vie. Bien sûr, tout le monde a idéalisé son premier vrai amour. Mais rares sont ceux qui parviennent à communiquer aussi profondément la force des sentiments qui s’en dégagent. Cette poésie graphique, alliance d’un trait volontairement empâté et parfaitement maîtrisé, est également très expressive, au grès de ses convictions, de ses sentiments d’amour, de culpabilité, de souffrances innocentes. On en sort comme du plus beau des rêves : tout déçu de retrouver la réalité.
