L'histoire :
Grimmy est un chien jaune qui ne ressemble pas à grand-chose. Ce physique relativement ingrat, auquel s'ajoutent les pires méfaits issus de sa diabolique boîte crânienne canine, le rendent irrésistiblement drôle. Là où ses proches -Mère l'Oie et ses deux co-animaux de compagnie, le chat obèse Sumo et Attila le chat mauve - ne voient en lui qu'une inépuisable source d'irritation et d'ennuis, le lecteur jubile d'avance aux exactions qu'il commet au fil des pages. Qu'il laisse une trainée odorante particulièrement tenace, notamment issue de sa gueule pestilentielle (une haleine si puissamment puante qu'elle tue en une seconde une plante verte de mère l'Oie, ou bien fait fondre les gants en caoutchouc du dentiste) ; qu'il prenne des cours d'art martiaux et fasse se retrouver l'instructeur aux urgences pour s'y faire poser des points de suture ; ou bien encore qu'il tombe sur un bout de fil dentaire, dont l'utilisation viendra expliquer l'origine de son haleine si particulière, Grimmy fait preuve d'une présence incontestable.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fidèle à son habitude, Mike Peters joue la diversité dans ses gags. A la différence de ses modèles, il brise le flot des aventures de Grimmy en venant y instiller des strips sans aucun rapport avec l'univers du canidé. Une fois encore, ces gags passent moins bien car trop disparates dans l'esprit et trop différents dans l'humour. A cela vient s'ajouter le sempiternel problème de transcription culturel. Beaucoup (trop) de gags sont en effet ancrés dans une réalité « civilisationnelle » bien précise (en l'occurrence américaine) qui supporte mal la traduction. Le résultat, c'est un lecteur qui reste bien souvent interdit devant un nombre croissant de strips dont il ne comprend ni la chute, ni la portée humoristique. En VO, Grimmy se situe dans un contexte social modeste, voire populaire, en particulier au niveau des dialogues, que le lecteur aura bien du mal à retrouver dans l'édition française. Si l'on considère en outre qu'il faudra au lecteur un certain temps d'adaptation au dessin, notamment au trait épais (assez gras) et à l'utilisation des couleurs (assez vives), la lecture de cet album fera certes passer un bon moment, mais peut-être doublé d'un léger sentiment de frustration.