L'histoire :
L'Ars Goetia dénombre 72 démons, que les magiciens appellent aussi esprits. Dantalion est un retardataire, il est l'avant dernier recensé, apparaissant dans le Clavicula Solomonis, sans qu'il soit dans le Pseudomonarchia. Un bol d'air frais, pour tout avouer. Après s'être tapé une liste des 3 ou 4 mêmes pouvoirs sur les premiers 60 et quelques démons - il sait tout, il enseigne tous les arts naturels, blablabla -, on retrouve tout à coup quelques nouveaux venus, juste à la fin, avec une approche un peu plus inintéressante. Dans le cas de Dantalion, c'est la capacité à lire les pensées et les rêves d'autrui... et de les modifier. De provoquer l'amour, de créer des visions. En gros, de faire le con avec les sentiments et les pensées de tous. Dantalion est sous-fifre, si l'on en croit les conneries du grimoire mais il fait partie des enfoirés les plus effrayants de la liste. Bon, vous voulez la vérité sur la magie ? Elle ne consiste pas à transformer son environnement. Mais à modifier les pensées pour que l'environnement n'ait plus d'importance.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome de la série nous avait séduits, avec ce personnage féminin d'Ellie, l'humour so british et à l'esprit plutôt punk qu'on connaît aussi de nos amis anglais. Si bien qu'on peut voir en Damn them All une sorte d'héritage brut de décoffrage de Hellblazer. Avec ce volume 2, la série dessinée de main de maître - pardi - par Charlie Adlard prend de l'épaisseur et le moins qu'on puisse dire, c'est que vous en aurez pour votre argent puisque les textes s'avèrent denses et particulièrement abondants. Simon Spurrier a manifestement pris son pied à déployer tout une panoplie de démons et à rebondir sur autant de symboles de magie noire. Ce qui fait que cet album ne se lit pas en un quart d'heure. Le découpage de son scénario est également travaillé de façon à ce que toutes les pièces du puzzle ne s'emboîtent pas comme un jeu d'enfant. Alors on a envie de vous dire que son écriture a ici les inconvénients de son avantage : c'est certes recherché, mais parfois aussi excessivement bavard, sans parler de la dramaturgie puisqu'Ellie, la magicienne qui anime la série, va devoir régler un problème d'amour qui tourne à la haine. Mis à part ces éléments potentiellement clivants pour le lecteur (est-ce divertissant ou cela devient-il relou ?), il faut avouer que le spectacle est là. Rien d'étonnant, Charlie Adlard est un maître et Sofie Dodgon amène des couleurs sombres qui servent le visuel, souvent intrigant, parfois même effrayant. Alors pas de quoi se damner pour la série, mais pas de quoi non plus la condamner !