L'histoire :
Dans une ruelle sombre, deux clochards évoquent des phénomènes étranges se produisant depuis quelques temps. Ceux-ci seraient l'œuvre d'un certain Spawn, cet être devant conduire les armées de l'enfer sur le terrain opposant le Ciel et l'Enfer... Plus loin dans la même ville, une jeune fille assise dans un café écrit sans cesse différents vers sur une feuille de papier. Manquant d'inspiration, Corrie achève sa macabre poésie lorsqu'un individu l'interrompt dans sa réflexion... Plus tard, la mère de Corrie arrive chez elle avec un paquet de courses sous le bras. Pendant qu'elle se dirige vers la chambre de la jeune fille, elle aperçoit des gouttes de sang sur le sol. Elle la trouve les veines tranchées et du sang coulant même du haut de son crâne... Dans un cinéma pour adultes, un homme regarde un film pornographique lorsqu'un type s'immisce derrière lui et évoque une actrice talentueuse dont certains de ses liens de famille avec le spectateur sont des plus troublants...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Todd McFarlane est parvenu avec sa série Spawn à imposer un nouveau personnage charismatique dans le monde des comics. Alors que les fans en réclamaient toujours plus, le canadien eut l'idée de créer des titres dérivés permettant d'enrichir le background de son univers. Hellspawn est un titre débuté en 2000 et dont l'écriture a dans un premier temps été confiée à Brian Michael Bendis, scénariste starifié au début du second millénaire pour ses récits chez Marvel. Celui-ci avait déjà narré les aventures des flics Sam & Twitch avec un réel talent et l'auteur joue la carte de l'originalité pour Hellspawn. L'ambiance est dès le départ lourde, suffocante et atmosphérique. Le lecteur suit des conversations entre des personnages, suit parfois Al Simmons alias Spawn, parfois à d'autres moments un criminel. L'histoire est difficile d'accès et l'on peine à voir où Bendis veut emmener son lecteur ou plutôt sa proie. Déstabilisante, l'expérience proposée se joue des talents graphiques d'un Ashley Wood impressionnant. Entre peinture, dessin et expérimentation pure, l'artiste nous en met plein les yeux, parfois au détriment de la lisibilité. Mais n'est-ce pas là le but recherché ? Cette intégrale contient les 16 épisodes de la série et nous offre ensuite le récit de Steve Niles qui sera rejoint ensuite par l'australien Ben Templesmith. Le récit se fait plus abordable et plonge progressivement vers de l'horreur pure, voir parfois même vers le gore. C'est défoulant et plutôt bien fait, même si l'on perd l'aspect envoûtant du début. Bonne pioche pour les éditions Delcourt qui offrent aux amoureux de Spawn une jolie intégrale, celle d'une œuvre étrange, parfois repoussante mais bénéficiant d'une identité propre.