L'histoire :
Depuis sa naissance en 1995, Martha Washington a toujours vécu dans le Green, un quartier très pauvre des Etats-Unis, où le vice et la répression règnent en maître. Vivant avec ses frères et sa mère dans un minuscule appartement, son père étant mort lors d’une manifestation, la jeune fille montre de grandes facilités pour l’informatique, ce que remarque l’un de ses professeurs. Cependant, dans ce quartier pourri, un voyou le tue. Devant le cadavre de son mentor, Martha perd ses moyens et plante un crochet dans le dos de l’assassin, qui finit par mourir à son tour. L’adolescente est choquée d’avoir ôté la vie à un homme. Elle plonge pendant plusieurs mois dans le silence. Reprenant petit à petit conscience, elle s’évade de l’asile dans lequel elle était enfermée, en découvrant au préalable que des expériences illégales y étaient menées. En sortant, elle découvre que le président Rexall, qui a longtemps dirigé le pays d’une main de fer, est mort au cours d’un attentat. Son successeur étant un pacifique, il crée une force indépendante, la PAX dans laquelle n’importe qui peut s’engager pour promouvoir la paix dans le monde. Martha n’hésite pas un instant et s’engage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
S’inspirant du nom d’un personnage ayant réellement existé (il s’agissait de la femme de George Washington, le premier président des USA), Martha Washington est une série dont la publication a commencé en 1990, née de l’union de deux grands talents du comics. Le premier, Frank Miller, scénarise l’ensemble. Il raconte les aventures d’une jeune femme, Martha, qui habite dans un quartier défavorisé où les émeutes sont légions. Au fil des années, elle se retrouve confrontée aux principaux événements historiques américains. Le contexte est celui d’un monde alternatif où la violence et les excès rappellent le chef d’œuvre de Stanley Kubrick Orange Mécanique. Critique acerbe du rêve américain, le récit fustige et s’épanche sur de nombreux sujets très actuels : l’environnement, la paix, la guerre, les manipulations génétiques, la malbouffe, etc. Frank Miller réussit en outre à parler des nombreuses manipulations des politiques, sans ennuyer. Au contraire, plus de 20 ans après sa parution, Martha Washington captive encore et les dessins de Dave Gibbons, l’illustrateur de Watchmen, y sont sans doute aussi pour quelque chose. Son trait fin et détaillé illustre merveilleusement le ton de Miller. En remaniant des faits historiques existant, pour les transposer dans cette Amérique de fiction, le tandem Miller-Gibbons a créé une œuvre engagée et intelligente.