L'histoire :
Lars, veuf d’un premier mariage, mène depuis des années une vie de couple bien sage avec Rachel sa compagne dans un coin tranquille de Californie. Leur chat Ching, au caractère irascible, leur tient compagnie et Laura, fille du premier mariage de Lars, leur rend visite de temps en temps. Tout se déroule sans heurts, mais peu à peu, les forces des deux époux déclinent, chaque trajet devient un effort. Rachel se plaint plus que d’habitude de ses petites douleurs du quotidien qui la font souffrir tandis que Lars a peine à bricoler ou a plus de mal à conduire. De manière imperceptible, un laisser-aller s’installe : Rachel ne cuisine plus guère et la maison est moins bien tenue. Laura tente de pallier les faiblesses de ses parents et se fait plus présente auprès d’eux au risque de s’oublier elle-même. Malgré ses efforts, Laura a bien du mal à faire changer ses habitudes au vieux couple et à les pousser à prendre soin d’eux. Inexorablement, la santé de Lars et Rachel décline et rien ne semble devoir entraver l’inéluctable.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Traiter du sujet de la vieillesse n’est pas si fréquent dans la bande dessinée. Avec Sorties de secours, Joyce Farmer livre une peinture du quotidien tendre mais sans concessions. L’auteure dépeint un couple recomposé au soir de sa vie, englué dans ses habitudes et qui se laisse doucement aller, abandonnant petit à petit tout ce qui fait le sel de la vie. Lars et Rachel ne mangent plus guère, ils ne se soignent pas. Peu à peu la vie les abandonne sous les yeux d’une fille dévouée. Cet ouvrage décrit tout simplement ce à quoi chacun d’entre nous est confronté à travers ses proches ou sa propre expérience sans voyeurisme ni sensationnalisme. Le regard de Joyce Farmer est parfois dur, montrant sous les apparences d’un couple idéal les petits non-dits qui empoisonnent des relations qui semblent saines. L’auteure peint crûment, y compris dans son trait, la déchéance physique et morale tout en délivrant un message d’amour tout simple. On devine sans peine une part d’autobiographie dans ce récit. On ne ressortira pas indemne d’une telle lecture qui renvoie inévitablement à ses propres angoisses. Une thématique difficile traitée avec profondeur et délicatesse par Joyce Farmer. Un récit éprouvant mais émouvant qui ne laissera pas insensible.
