L'histoire :
Depuis des décennies, ils attendent. Plusieurs peuples à travers la galaxie attendent le moment où la révélation va leur être faite, confiants dans le fait que cette révélation sera primordiale. Des pyramides sont là, prêtes à les accueillir. Puis, un jour, les portes s’ouvrent et ceux qui attendent sont conduits, par ce qui était en fait des vaisseaux gigantesques, jusqu’à la planète Tython. De cette planète émane une énergie étrange, qui va leur révéler ce qu’est la Force : un équilibre entre nos différentes émotions, une sagesse et une puissance. Au fil des siècles une organisation de moines guerriers apparaît, qui maintient la paix grâce à son mystérieux pouvoir. Mais un jour, un étranger jailli des frontières du monde inconnu et s’écrase sur Tython. Il n’est que pure pensée obscure et s'apprête à ouvrir les portes de la Galaxie au chaos...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Juste avant d’attaquer la lecture de cet album, j’ai vu mon fils de 11 ans, passionné de Star Wars, me le subtiliser pour aller le lire, bien au chaud dans son lit. Quand je suis allé le voir au milieu de sa lecture, je lui ai demandé si c’était bien ? C’est à peine si il a eu la force de lever le nez et de me dire « ouais ! » tant il était complètement parti dans une autre galaxie très très lointaine. Après qu’il en ait fini, je lui ai reposé la question et il a confirmé que c’était génial. « Aussi bien qu’un film ? » lui ai-je demandé un peu surpris. « Oh oui ! » m’a-t-il répondu l’œil brillant, impatient d’avoir la suite. Je me suis dit que malgré ce bel enthousiasme, il en faudrait certainement plus pour exciter le vieux « Jedi » qui dort en moi (j’avais 10 ans quand l’épisode 4 est sorti sur les écrans et ça a profondément bouleversé mon adolescence, m’amenant à me passionner pour la SF jusqu’à l’âge adulte). Eh bien, non ! Il n’en fallait pas plus que ce qu’il y a dans cet album… car tout est là et bien là. Tout d’abord, une histoire de John Ostrander qui a déjà fait ses preuves sur la saga, avec Star Wars Legacy et Star Wars Agent de l’Empire. Une histoire dont l’ampleur ne peut qu’exciter l’imagination puisqu’il s’agit de nous révéler enfin d’où vient cette « Force » qui nous fait fantasmer depuis toujours… Un souffle mystique s’empare pour la première fois d’un récit Star Wars, lui donnant des accents presque bibliques dans ses premières pages, et proche de certaines philosophies orientales dans les suivantes. Mais ne vous arrêtez pas à ces premières pages (passionnantes à bien des égards), on revient très vite à l’aventure avec un grand A, avec un méchant aussi complexe, impitoyable, que touchant (un tour de force sans mauvais jeu de mot). Ensuite des personnages. C’est en désincarnant sa saga, en la racontant de l’extérieur, sans plus s’intéresser à la chair et aux petites choses humaines qui la rendaient accessible et touchante, que George Lucas nous a déçu. Star Wars était devenu un gros objet technologique et esthétique… plus du tout une histoire d’êtres qui croient, aiment et se battent pour sauver la galaxie. Ici, John Ostrander réincarne ses héros, définit des personnages sensibles, profonds… il crée une demi-douzaine de Jedi, prend le temps de nous les présenter, de les définir dans leur complexité, avant de les regrouper et de les envoyer à l’aventure, sans jamais nous perdre ou perdre cette petite note juste qui maintient notre intérêt. Tout cela est enveloppé dans le dessin de Jan Duursema qui est une pure merveille d’élégance et de charisme… Un dessin parfait pour donner corps et densité à ces Jedi, prêtres guerriers d’un autre monde qui ont trouvé le point d’équilibre entre le bien et le mal. L’univers qu’elle crée pour nous est luxuriant, inquiétant au besoin. Sa narration (à deux, trois détails près) est d’une grande fluidité, tant dans la façon de raconter que de faire bouger ses personnages et de les animer émotionnellement. Il y a du souffle dans ces péripéties, tant dans le dessin que dans la façon de les raconter. Et comme mon fils, je me suis laissé embarqué, ayant pour une rare fois le sentiment que le produit dérivé était à la hauteur de la création originale. Voire même quelques coudées au-dessus...