L'histoire :
Tony Chu, inspecteur de police, déteste être en planque avec John Colby, son co-équipier. Entre autre, parce que celui-ci se nourrit normalement… Car en effet, Tony est cibopathe, c'est-à-dire qu’il peut, d’instinct, en croquant dans une pomme, savoir sur quel arbre elle a été coupée, mais aussi les pesticides utilisés. Bizarrement, la seule chose qu’il peut avaler sans retour psychique est la betterave. Avec John, ils surveillent un commerce en faillite qui proposerait de la cuisine à base de volaille, une denrée interdite par le gouvernement. Ils aperçoivent des individus qui en sortent, un paquet sous le bras, et préfèrent patienter. Heureusement, car D-Bear, le nouveau caïd local, entre à son tour. Au moment où ils s’apprêtent à intervenir pour l’arrêter, ils sont interpellés l’agent Mason Savoy de la RAS (Répression des Aliments et Stupéfiants), qui leur annonce que le criminel a passé un accord avec son agence : il est donc intouchable. Savoy leur donne même le mot de passe permettant de manger dans ce restaurant illicite. John y commande moult plats à base de poulets, tandis que Tony se contente d’un classique potage. Mais à la première cuillerée, il a une vision de crime et l’assassin serait le cuisinier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avoir des pouvoirs est généralement un pré-requis dans les comics de super-héros américains. Certains comme Superman peuvent voler, mais d’autres comme Tony Chu ont moins de chance en étant « cibopathe ». Késako ? La cibopathie est une capacité étrange (fictive) qui, pour chaque aliment ou élément ingurgité, permet à son goûteur de découvrir la nature dont ledit élément est composé. Autrement dit, son histoire et ses origines ! Avec un héros policier doté d’un tel talent, le polar prend forcément des tournures atypiques. N’ayez aucune crainte quant au sous-titre Détective cannibale : l’ouvrage ne verse à aucun moment dans le sordide ou le gore. Le scénariste John Layman a en effet saupoudré son titre d’une forte dose d’humour et de situations parfois grand-guignolesques. En se moquant ouvertement de la pandémie de la grippe aviaire, il rajoute également un petit aspect politique détonnant. Autre force de Tony Chu, qui est par ailleurs publié aux Etats-Unis sous le nom de Chew : les dessins de Rob Guillory sont irrésistibles, dans une veine cartoon très réussie. Cette nouvelle série possède de nombreux arguments en sa faveur et au vue de cette excellente introduction, il n’a pas démérité le trophée de « meilleure nouvelle série » aux derniers Eisner Awards. Une série qui met en appétit…