L'histoire :
Londres, aout 1882, à quelques dizaines de mètres de profondeur, sous la ville. Mister Campbell est un des responsables de l'immense chantier dont toute la ville parle : dans quelques temps, elle sera dotée du Subway. Hawkins, un des contremaitres, vient en courant alerter son boss : il faut qu'il vienne voir tout de suite ce sur quoi les gars de son équipe sont tombés. Lui et deux ouvriers appliquaient les consignes, en dégageant l'équipement du tunnel sud. Certaines canalisations non utilisées ont été posées contre le mur et ce dernier a cédé, laissant apparaître une galerie. Hawkins est descendu et a laissé ses deux gars, le temps de les rejoindre avec le chef de chantier. Ils descendent donc d'immenses escaliers, pendant que Campbell évoque des souvenirs qu'il tient de son père et de son grand-père. Tous deux étaient des hommes-taupes, ils creusaient des égouts et lui avaient raconté, alors qu'il n'était qu'un enfant, que Londres comptait des demeures des morts, sous les pieds des vivants. Des salles remontant au temps de la reine Elizabeth ou encore des labyrinthes médiévaux, des braseros saxons... Quelques minutes après, ils se trouvent en face de ce qui ressemble à un immense temple. Campbell ne reconnaît pas les motifs des bas-reliefs, ni grecs, ni romains. Mais ce qui inquiète le plus ces travailleurs des sous-sols, c'est que les deux ouvriers censés être sur place pour les attendre ne sont plus là. Par terre, leur lanterne est brisée...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Witchfinder est une série déjà ancienne, qui fut d'ailleurs la première collaboration entre Mike Mignola et Ben Stenbeck, depuis devenu le dessinateur d'une autre série dérivée du «Hellboyverse» : Lord Baltimore. Le premier album chez Delcourt étant sorti en 2013, avec deux tomes intermédiaires confiés à d'autres graphistes, c'est un peu un retour aux sources de la série que vient célébrer cette nouvelle aventure d'Edward Grey, chasseur britannique de créatures surnaturelles durant l'ère Victorienne. Il était donc logique que Londres devienne le théâtre de ce nouvel opus, ou plus exactement ses innombrables galeries souterraines et son cimetière juif de Lamb Street. L'enquête nous conduira également à La Tour Blanche ainsi qu'au British Museum et ces escales seront autant d'occasions pour profiter des talents de Ben Stenbeck, qui livre un travail impeccable. Quant aux couleurs de Michelle Madsen, si elles paraissent plutôt ternes et sombres quand on prend le livre en mains, avec des tonalités brunes et verdâtres à priori peu engageantes, c'est pour mieux servir l'aspect lugubre du récit. L'histoire, parlons-en : elle se décline sous une forme aussi simple que classique. C'est : «je cherche, je trouve, je castagne». A défaut d'être surprenante, la trame se révèle très agréable, car elle s'appuie sur une écriture qui rappelle l'ambiance des Conan Doyle, avec un soupçon de Lovecraft. Et puis on se régalera aussi des références à la mythologie. C'est donc une nouvelle aventure, plaisante, rondement menée et spectaculaire qui nous est délivrée. Pour sûr, vous ne vous casserez pas les dents dessus !