L'histoire :
Après avoir été présentée à Angoulême, l’exposition consacrée à l’œuvre d’Art Spiegelman fait un petit détour par le Centre Pompidou à Paris avant de poursuivre sa route vers Vancouver, Cologne et New-York. Récent président du jury du festival BD d’Angoulême, Art Spiegelman est évidemment connu pour son chef d’œuvre Maus, œuvre de mémoire sur la Shoah. Mais ce serait oublier que l’homme a aussi contribué à changer le regard du public et à faire reconnaître ce genre, considéré comme mineur, comme un art à part entière. De ses débuts underground dans la revue RAW à ses magnifiques couvertures pour le New-Yorker, sans oublier la consécration avec Maus ou les fameuses cartes à collectionner « Les Crados », ce catalogue d’exposition présente le travail d’un auteur touche-à-tout, à la fois dessinateur, artiste, illustrateur, auteur, écrivain…Travaux rares, planches originales, dessins, couvertures de magazines, jaquettes de disque, gravures et crayonnés plus ou moins inédits, plus ou moins récents, en balisent le parcours. Soit l’exemple d’une synthèse réussie entre « avant-garde marginale et grand public »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après le récent MétaMaus, qui sonnait comme la fin d’un cycle, sort CO-MIX, rétrospective d’un artiste de BD entre « graphisme et débris divers ». Preuve de la reconnaissance acquise par le 9ème art, les grandes institutions lui font désormais les yeux doux, comme en atteste cette monographie d’Art Spiegelman qui accompagne l’exposition qui se tient à Pompidou jusqu’au 21 mai 2012. Le grand intérêt de ce beau livre, c’est qu’on y découvre d’autres facettes du travail de l’auteur américain. MetaMaus avait déjà montré qu’il connaissait parfaitement son médium, CO-MIX le confirme et va même plus loin. Outre sa capacité à intégrer les codes et l’héritage d’une tradition en BD, Spiegelman invente la sienne en y ajoutant une dimension artistique peu commune, l'ouvrage soutenant l’idée que l'auteur a réussi une synthèse entre art et BD car « il réfute à tous les niveaux le paradigme d’une opposition entre art noble et art populaire grâce notamment « à la compréhension profonde qu’il a de la bande dessinée et de sa spécificité ». J. Hoberman, critique de cinéma, affirme d’ailleurs qu’avec Spiegelman la BD a atteint des sommets de conscience historique, d’innovation formelle et de prise conscience de soi ». Outre sa foule d’informations sur l’histoire de la BD, le parcours et le travail de l’auteur, COMIX est un très beau livre en grand format, qui prouve à ceux qui en douteraient encore que Spiegelman est aussi un formidable dessinateur, visionnaire et réfléchi (cf. travaux dans les domaines de la danse, du théâtre et des vitraux). Une superbe rétrospective sous forme de musée itinérant. A noter que les textes ou notes analytiques sont à la fois en anglais et en français, sauf les planches, non traduites.
