L'histoire :
Sur Terre, la domination de la gent masculine est telle que les faits et gestes ou même encore l'apparence des femmes sont contrôlés et légiférés. Celles qui sont non conformes sont condamnées à incorporer l'établissement auxiliaire de conformité, que beaucoup surnomme Bitch Planet. De nouvelles femmes débarquent sur place et se confrontent très vite à l'aliénation ambiante. Des écrans diffusent en permanence les consignes à respecter et les surveillants pénitentiaires orientent les prisonnières à se rendre dans tel ou tel endroit. La situation dégénère lors de la distribution des tenues. Une des nouvelles venues hurle alors qu'elle n'a rien à faire là, une certaine Madame Collins. Au même moment sur Terre, son mari se trouve dans les locaux du programme de l'établissement auxiliaire de conformité. Il exige de parler au directeur afin de parler de sa femme...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Objet de désir ou esclave légal, les femmes n'ont pas toujours bénéficié des mêmes droits que les hommes, et ce n'est pas encore le cas. Dans Bitch Planet, la scénariste Kelly Sue Deconnick s'est imaginée un monde subissant un diktat masculin aussi archaïque que punitif. Toutes femmes qui ne respecteraient pas les règles ou auraient simplement une apparence inconvenante aux yeux de certains (sales) types se verraient envoyer à Bitch Planet, un centre de redressement aux méthodes radicales. Ce premier album présente un univers franchement prometteur et se focalise successivement sur plusieurs héroïnes. De la cruauté pure à la trahison des proches, certaines sont condamnées injustement. Parmi toutes, on retient évidemment Kamau et sa coupe afro. Celle-ci n'a pas peur de se battre et a tout l'air d'être à Bitch Planet pour une raison bien précise. Il y a aussi Penelope, une femme en surpoids au parcours éprouvant. La galerie de personnages est très réussie et devrait permettre à la scénariste de les rendre toujours plus attachants par la suite. L'atmosphère si particulière de Bitch Planet évoque fortement les années 70 façon Exploitation et la couverture (inédite) de Valentine De Landro (qui est un garçon) renforce ce sentiment. Le dessinateur présente d'ailleurs des planches à l'esthétique efficace et inspirée. Le principal regret concernera le manque de détails au niveau des décors. Complété par une interview des auteurs et des portraits de femmes engagées, ce premier album n'est certes pas parfait mais bénéficie d'une vraie côte de sympathie pour toutes celles et ceux qui croient à l'équité de traitement et des droits entre les individus, quelqu'ils soient.