L'histoire :
Les X-Men, qui viennent de défaire le mutant Protéus, quittent l’île de Muir pour rejoindre le manoir du professeur Xavier. Alors que Jean Grey pensait que les visions qui la tourmentaient depuis quelques temps étaient le fait de Protéus, elle se retrouve de nouveau projetée dans un monde parallèle, similaire au 18e siècle et dans lequel elle semble vivre en couple avec un noble dénommé Jason Wyngarde. Alors que l'équipe retrouve le professeur Xavier, celui-ci décide de séparer l'équipe en deux groupes afin de partir à la recherche de deux nouveaux mutants détectés par Cerebro: une jeune fille du nom de Katherine Pryde et une chanteuse de disco, Dazzler. A l'insu du professeur, l'ensemble de ces informations sont écoutées par le Club des Damnés, une sorte de cercle de richissimes super-vilains dirigé par un certain Sebastian Shaw. Ce dernier décide de contrecarrer les plans des X-Men mais il entretient aussi de bien sombres desseins concernant Jean Grey. Un plan qu'il concocte avec nul autre que Jason Wyngarde.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avons nous besoin de présenter encore La saga du Phénix Noir ? Cette aventure, publiée au début des années 80 et réalisée par les frères ennemis Chris Claremont et John Byrne, cimenta définitivement le statut tragique des héros mutants et posera le socle sur lequel ont été bâties les relations entre les différents membres de l'équipe d'alors. L'histoire a pourtant subi l'épreuve du temps, au niveau de ses dialogues, surtout. Ce n'est un secret pour personne, Claremont a toujours été un adepte des murs de texte et des dialogues incroyablement longs durant les scènes d'action et il n'est pas rare qu'un personnage réfléchisse à la condition humaine et à ses corollaires le temps de sauter sur une table. Pourtant, cette habituelle lourdeur parvient à passer ici grâce aux illustrations sombres et démentes de Byrne mais aussi par la menace délicieusement lugubre imposée par le Club des Damnés. Ce regroupement de vilains vautré dans une luxure s'inspirant des heures les plus décadentes du temps des colonies et dont les membres semblent se jouer, du moins dans un premier temps, de nos héros. Hélas, tout comme Jean Grey, le lecteur (ou la lectrice) ne se doute pas qu'une sombre machination s'ourdit contre lui (elle) ; manigance menée par une personne cachée dans l'ombre. Non, pas par Jason Wyngarde mais par la traductrice. "Damned" ! Voyez-vous, cette réédition de La saga du Phénix Noir s'appuie sur l'intégrale X-Men éditée chez Panini Comics, au début des années 2000. Et à cette époque, cette dame, que nous appellerons G.C. (la pauvre a assez souffert, depuis. Au point, parait-il, d'avoir pris une retraite anticipée), sévissait sur un certain nombre d'éditions françaises de Marvel et ses traductions ont rapidement acquis un statut quasi-légendaire. Les héros deviennent subitement et incompréhensiblement grossiers, des expressions bancales sortent de nulle part, les contre-sens nous laissent penser que Logan ne tourne pas qu'à la bière, etc. Ainsi, quand une traduction ne tient pas dans le phylactère attribué, on prolonge le dialogue dans le phylactère suivant même s'il est attribué à un autre personnage. Le premier interlocuteur répondant ensuite à une question qu'on ne lui a pas posée... A croire que G. C. et Brett Rattner (le réalisateur du long métrage X-Men 3) étaient de mèche dès le départ pour mettre une dérouillée à cette pauvre histoire qui n'avait rien demandé à personne. Le travail éditorial de l'époque, ou plutôt son absence y est certainement pour beaucoup plus que madame C. et on ne peut que regretter le laxisme évident à ce niveau. Le récit conserve son sens, cela dit, mais l'inconfort de lecture consécutif à ce manque de sérieux éditorial gâche le plaisir et ce d'autant plus qu'il se produit sur un classique de la littérature Marvel. Si le Bédien d'argent était facilement à la portée de cet album, il lui échappe du seul fait de ce travail effectué par-dessus la jambe et jamais rattrapé, même après plus d'une décennie, dans le cas de cette version. Au final, cet album vaut quand même le détour en raison de son importance et de ses qualités artistiques mais aussi pour son prix très raisonnable. En espérant le voir réédité dans de meilleures conditions...