L'histoire :
Sur Giedi Prime, la vie est difficile et les nombreux ouvriers qui travaillent pour la maison Harkonnen ont une vie monotone, rythmée par l’exploitation des champs et le bistrot la nuit. Pour se remonter le moral, Gurney Halleck chante au travail mais il est bien seul et au contraire, beaucoup lui disent de se taire. Quand il rentre à la maison, ce n’est guère plus joyeux. Son père est de plus en plus affaibli et les repas sont de plus en plus chiches. De la tubercule de kraal à chaque repas… Ils travaillent la terre mais n’en récoltent pour rien pour eux si ce n’est le pire des aliments. Nul doute que le Baron Harkonnen a le droit à un festin de viande, de vin et de pâtisseries tous les jours. Gurney est fatigué de cette ambiance lourde et va au bar avec son instrument. C’est certes un vieil objet mais sa musique pourra égayer un peu sa journée. Personne ne réagit aux premières notes, occupé à regarder leur verre d’un air morne. Bheth, la sœur de Gurney, arrive paniquée et annonce qu’une patrouille Harkonnen a atterri dans le village. Les soldats cuirassés semblent détenir des prisonniers dans le vaisseau. Nullement impressionné, Gurney leur demande ce qu’ont fait ces prisonniers et quel est le but de leur visite. La réponse va être cinglante et il va le payer jusqu’à la fin de sa vie.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Huginn & Muninn développe de plus en plus l’univers de Dune en s’intéressant aux préquelles de l’œuvre fondatrice mère de Frank Herbert. L’avant Dune a donc une nouvelle adaptation en comics (après l’excellent tome Chroniques d’Arrakeen) avec un titre accrocheur puisqu’on s’intéresse cette fois à la sinistre maison des Harkonnen. Accrocheur tant l’atroce Baron et sa sombre engeance sont affreux mais pas forcément révélateur du contenu. En effet, on s’intéresse à toutes les maisons qui jouent une partie d’échecs mortelle pour le gain de l’épice et du pouvoir. On découvre ainsi la jeunesse de personnages qui marqueront ensuite le fameux Dune comme Leto Atreides, les Bene Gesserit, Duncan Idaho, le Baron Harkonnen… Mais on apprend également l’existence de maisons mineures qui tentent tant bien que mal d’exister face aux manigances de l’Empereur et des autres puissants. Difficile de retrouver ici l’écriture psychologique si singulière de Frank Herbert mais son fils rend néanmoins un bel hommage en reprenant intelligemment ses notes et brouillons de cet Avant Dune. Les coups bas, les manipulations et les tensions au sein d’une grande galerie de personnages assurent un spectacle de qualité. Le dessin de Michael Shelfer est assez particulier et déçoit de prime abord tant son trait est caricatural. Mais à la longue, on s’habitue à ses visages et à son style proche du manga mais un peu loin de l’imagerie SF qu’on se fait en lisant Dune. Bienvenue dans la maison la plus vicieuse de l’Empire !