L'histoire :
Jill Sleet est ressuscitée par l’armée. Son corps est désormais doté d’une structure génétique bien plus puissante et capable d’endurer les affres des « Territoires ». Les Territoires, c’est l’équivalent de l’Enfer. Cette zone de mort sur Terre regorge de pièges et de gaz toxiques mais aussi de monstres indéfinissables. C’est d’ailleurs la nouvelle mission de Jill : observer ces Kaiju infernaux et prendre des notes sur leur caractéristique et tout ce qu’elle peut récolter d’intéressant. Le relevé fait frémir et donne la nausée et encore, le travail du peintre qui s’est fié à la description de Jill est bien loin de l’horreur de la réalité. Akai et sa couleur rouge démoniaque, Fafnir qui détruit la légende fascinante des dragons, Kibosh qui semble triste et solitaire, Cethlu qui fait passer les monstres inventés par Lovecraft pour des créations pour enfants, Jotun et ses trois têtes de loups effrayantes, Orlak et sa ressemblance immonde avec un rat gigantesque, Ig qui terrorisera n’importe quel arachnophobe, Xax qui aspire tout type d’objets et qui grossit à vue d’œil, Massh qui rappelle une armée infinie d’insectes. Dans ce bal des horreurs, figure Giantkiller, étonnant personnage hybride entre le Kaiju et l’humain. A la différence près qu’il a été créé de A à Z. Sera-t-il à la hauteur face à tous ces monstres indicibles ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Imaginez un mélange entre les légendes nipponnes et celui des comics américains, une fusion étrange entre les super héros et les Kaiju. C’est le pari osé qu’a tenté Dan Brereton en 1999 avec cette œuvre iconoclaste. Cela commence avec un relevé incroyable de ces fameux monstres qui feraient même peur à Godzilla. Étonnant mix entre le bestiaire japonais et les lectures de Lovecraft (certains Kaiju ressemblent aux larves chthoniennes ou à Cthulhu lui même sans compter les clins d’œil au Roi en jaune), ce déluge de monstruosités fascine par son audace et son inventivité. Le ton est donné et Brereton imagine ensuite un récit violent et sans temps mort, bien représenté par l’impitoyable samouraï super-héroïque Giantkiller. L’ensemble est agressif et ne fait pas dans la dentelle mais cet aspect brut/ brute et d’une violence quasi primaire envoûte, un peu comme si l’on était plongé dans les premiers âges où seule la survie est de mise. Il faut dire que le dessin incroyable de Brereton vaut tous les voyages. Son style puissant nous plonge dans un monde catastrophe sans précédent et il exploite à merveille le style comics tout en faisant un bel hommage à l’univers manga. Ne revenons pas sur le bestiaire fantastique qu’il créé mais évoquons Les couleurs chatoyantes et épiques à la Frank Frazetta et un style furieux et barbare à la Simon Bisley. Cette réédition « monstrueuse » vaut le détour, d’autant que l’épais volume est de toute beauté et accompagné de belles annexes visuelles. Rrrrrroaaaaaar !
