L'histoire :
Ayse est une jeune femme qui vit au XVIIème siècle, au sein d'une famille qui est réputée pour réaliser les plus beaux tapis du pays. Les femmes réalisent ce travail minutieux et laborieux et les hommes vendent ensuite les tapis. Mais Ayse, en âge de se marier, n'aspire pas du tout à la fabrication de tapis. Elle, ce qui l'intéresserait davantage, c'est de les vendre. Et mieux encore, elle souhaiterait sortir de la boutique, aller vendre ces objets au-delà de la ville pour étendre le commerce et la réputation de sa famille. Elle rêve de se rendre à Istanbul. Son père a pourtant d'autres plans pour elle et il la verrait bien mariée à Zeynel, un érudit destiné à devenir imam, et qui connaît le Coran sur le bout des doigts. Ayse et Zeynel n'ont rien en commun, ils sont bien trop différents... Pourtant, ils vont devoir se côtoyer et vont commencer à sympathiser. En apprenant à se connaître, ils vont découvrir chez l'autre des facettes insoupçonnées et vont se séduire mutuellement. C'est décidé, ils vont se marier ! Zeynel travaillera pour sa femme et grâce à ses talents pour faire parler les gens et être à leur écoute, il l'accompagnera pour l'aider à réaliser son rêve. Le couple vit une idylle romantique, ponctuée par la naissance d'un enfant, quand ils s'épanouissent également dans leur vie professionnelle. Au cours d'un voyage d'affaires pourtant, tout va basculer pour Zeynel. Il a croisé la route d'un homme en détresse. Et cet inconnu va chambouler tout le reste de sa vie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nous avons découvert le travail de Reimena Yee en France il y a quelques mois, lors de la sortie de Seance tea party. Dans un style bien différent, les éditions Kinaye continuent de nous faire découvrir les œuvres de l'artiste, cette fois-ci avec un épais roman graphique, ancré dans une réalité bien différente que dans son précédent ouvrage. Nous suivons un homme et une femme au XVIIème siècle, qui vont se rencontrer et se marier. Ayse, la femme, a un rêve : aller à Istanbul pour vendre les tapis familiaux. Son mari va revoir ses aspirations professionnelles et va l'accompagner dans ce rêve. Mais un élément surnaturel, fantastique, va faire irruption dans leur vie, bouleversant tous leurs plans. Graphiquement, on reconnaît certains traits de l'autrice, notamment dans les dessins de personnages. Le style est plutôt cartoon, assez épuré, mais il nous plonge dans une ambiance orientale propice au développement de l'intrigue. La mise en page est aérée, composée de larges cases et de bulles assez grandes, permettant une bonne lisibilité des dialogues. On note aussi quelques innovations graphiques, qui vont de pair avec le récit et qui sont plaisantes à découvrir. Le scénario a quelques longueurs, notamment sur le début et certains éléments arrivent dans l'histoire de façon abrupte, mais la dernière moitié du roman graphique est mieux menée : elle embarque sans soucis le lecteur jusqu'à la dernière page. Il y sera question d'amour, de vampires, de foi, de famille et de quête identitaire. Comment assumer qui nous sommes lorsque nous sommes bridés par le poids des conventions ? Un conte gothique étonnant.