L'histoire :
Il était une fois, l'histoire d'un vilain matou et d'une brave taupe, qui s'était alliés pour honorer la commande d'une vieille sorcière. Les deux gredins, l'un se croyant malin et l'autre manquant cruellement de discernement, répondaient à l'appât du gain en ayant accepté de remplir une mission dont la vieille Augra les avait chargés : lui ramener une Mandragore ! La plante est aussi précieuse que capricieuse et il va leur falloir s'enfoncer profondément dans la forêt pour avoir une chance de pouvoir la trouver. L'expédition s'organise un soir de pleine lune. La lumière renvoyée par l'astre nocturne a l'avantage de dispenser les deux animaux d'une torche, dont la luminosité aurait trahi leurs mouvements. Cela n'arrange guère la taupe, qui n'arrête pas de se cogner et de trébucher. Les voici maintenant arrivés dans une clairière et le spectacle qui s'offre à eux est effrayant : ils se trouvent à quelques mètres d'un pendu. Le chat étale alors toute sa science : la Mandragore, pour pousser, a besoin de semence humaine, celle-là même expulsée dans le spasme mortel provoqué par la pendaison. Alors que le félin trace un cercle autour de lui, en prononçant d'indicibles palabres, la taupe creuse et trouve rapidement un drôle de tubercule qu'elle commence à déterrer. Mais rien ne se passe comme prévu...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est avec un plaisir non dissimulé qu'on retrouve ce mois-ci une nouvelle publication de Komics Initiative. L'éclectique éditeur, capable de faire le grand écart entre inédits d'outre-Atlantique, inédits du culte Sir Warren Ellis (à venir) et productions de petits gars bien de chez nous, délivre une nouvelle fois un ouvrage qui a la particularité de proposer un contenu original. Sur le fond et sur la forme. L'histoire tout d'abord : signée d'Aurélien Ducoudray, elle propose un récit fantastique, qui tire légèrement vers l'épouvante. L'histoire se découpe en deux parties sous forme de BD. Le premier chapitre, dessiné par A.Dan (cocréateur de la série), nous plonge dans un décor rupestre et nocturne, histoire de planter directement l'ambiance étrange et mystérieuse du récit. Puis vient un chapitre illustré par Josselin Billard (Gregory Sand), dont les dessins rappellent les gravures, avec un texte couché sur un papier bruni qui évoque les grimoires, ou les livres chers aux amateurs d'antiquités. Un moyen habile de décliner la narration sous une autre forme, en délivrant aussi des clés de compréhension de l'intrigue. C'est ensuite un Mandranomicon qui nous est proposé ! Une petite encyclopédie consacrée à la plante maléfique, que les naturalistes ne renieraient pas ! De nombreux fans arts ponctuent aussi le volume, marquant ainsi la séparation entre les différents chapitres. Puis la BD « pure et dure » reprend ses droits, sous les crayons de Laurent Lefeuvre (notre Fox Boy national, invité pour l'occasion), qui se fend d'une histoire démoniaque en noir et sépia, du meilleur effet. Enfin, l'album se conclut par un cahier de véridiques recettes qu'on doit à l'équipe du fanzine Saucisse Purée : Servane LC et Erik Enzo Esparllages. De quoi nous donner l'eau à la bouche.