L'histoire :
Ven. 22 sept. 10.45, para 00.38.56 – Un courrier parvient au capitaine Arkwright. Devant le mémorial dédié au prince Albert par son épouse Victoria, l’officier est « invité » dans l’urgence et en secret au Palais devant la tapisserie de Bayeux. C’est une femme en deuil, une Rose tout de noir vêtu (pour l’élégance plus que pour l’émotion) qui l’y attend. Elle lui demande de rejoindre le parallèle 00.00 afin de mater une rébellion grandissante. Et justement, voilà qu’on essaie d’abattre les deux amants ! Le rayon évité, le capitaine neutralise sans peine leur agresseur. Seule perte notable : la splendide tapisserie héritée d’une grandeur passée. Guère du goût de Victoria III, assurément. Le Destin qui l’oppose aux agents disrupteurs appelle Luther Arkwright au chevet de l’Empire… Depuis la découverte du codex Firefrost à Héliopolis par le professeur JR. Montpellier, l’Histoire s’en est trouvée chamboulée. Par ailleurs, les expériences menées ultérieurement, en un autre temps à une autre époque, sur le sujet L.A. ont démontré sa qualité extraordinaire à voyager au travers des différents parallèles composant l’espace-temps, à ressentir le passé, le présent comme l’avenir, à influer sur le Destin qui le commande…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà encore une œuvre aux éditions Kyméra qui ne dira rien à nombre d’entre vous mais qui, outre-Manche comme Atlantique, a été saluée par les plus grands. Jetons un œil sur les signatures en manchette : Will Eisner, Dave Gibbons, Alan Moore, Moebius… Le récit d’anticipation imaginé par Bryan Talbot (dont une suite est parue récemment sous le titre Au cœur de l’Empire) propose un univers baroque fait d’Histoire, de modernité et de SF. En son sein, le commander Arkwright, doté d’une faculté surnaturelle (basée sur l’intemporalité et l’ « inter-temporalité » de parallèles successifs) œuvre pour le Salut du monde (!), plus prosaïquement du trône. Si le trait peut sembler accuser le coup, il conserve cependant son allant et surprend encore par sa qualité intrinsèque. Si l’épaisseur du volume peut faire hésiter, le développement narratif passionne et vous ballote en un monde cauchemardesque où la puissance figurée impressionne. Comment l’auteur s’est-il lui-même repéré en ce dédale de réalités concomitantes ? Mystère. Il faut avouer qu’on s’y perd parfois. Mais le propos est tel qu’on en sort finalement conquis, qu’on y replonge pour mieux en comprendre le génie. Livre d’aventure à la Bob Morane, Corto Maltese, ou pamphlet libertaire à la V pour Vendetta, les Aventures de Luther Arkwright est tout cela, rien de cela et bien d’autres à la fois, un « Prométhée des temps modernes » : tout un programme. A se procurer d’urgence.