L'histoire :
Le jeune Mehdi est parvenu à s'échapper du sanatorium où il était parqué depuis des mois, en tant que porteur d'une maladie génétique contagieuse et ravageuse : le marabout. Oui, mais voilà : Mehdi était sain... Erreur de détection ou guérison miracle ? Une fois à l'extérieur, il est récupéré par un groupe de jeunes qui ont envie de rejoindre la « résistance » au pouvoir despotique en place. À leur côté, il espère vivre enfin son rève : voir en concert, ou mieux rencontrer, son idole, la superstar du rock, la rebelle Lolita. Il ignore que cette dernière est en fait un robot dernière génération piloté par un couple de résistants dans l'âme qui l'instrumentalisent afin de servir leur cause. Jusqu'alors, le pouvoir de Neponine finançait ce projet test et tolérait la liberté de ton franchement licencieuse de cette star : elle permettait de canaliser les vélléités de révolte. Mais aujourd'hui, Lolita est enlevée par ses propres « marionnettistes », qui s'affranchissent de leur ministère de tutelle pour rejoindre officiellement la résistance. Désormais, elle harangue les foules via des émissions télévisées pirates, défiant Néponine et sa politique inhumaine. Cette traitrise est un véritable tsunami au sein de l'officine chargée de piloter la star humanoïde...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Scénarisé initialement en tant que BD franco-belge, A Doll A fut pourtant premièrement publié au format manga sous le titre Lolita HR... pour aujourd'hui se voir re-publié au format comics graphic novel ! Drôle de parcours pour ce récit d'anticipation plutôt captivant. Plus qu'un scénario réellement original, c'est surtout un concept qu'il faut ici vanter. En effet, le contexte de l'histoire et son déroulé empruntent des archétypes du genre, mainte fois éprouvés : un régime despotique policier contraint de manière inhumaine une maladie génétique, et donc une résistance se lève, utilisant la popularité d'une star du rock pour rallier la jeunesse. Certes, pour mettre en place de schéma, la narration est parfois un peu décousue... Certes, le dessin de Javier Rodriguez (100% manga) s'affranchit la plupart du temps des décors pour cadrer sur les visages des personnages en gros plans... Mais sur ces aspects formels, se greffent nombre subtilités qui font l'originalité de l'œuvre. Par exemple, le symbole du robot, plus vrai et sexy que nature, qui dénonce ses pairs robots stars et devient leader d'une révolte contre un pouvoir inhumain, s'avère foncièrement intéressant. De même, les ambitions personnelles, les doubles-jeux et l'ambiguité du réel contrôle de Lolita sortent les protagonistes du manichéisme tout-venant. Ou encore, inerte en mode veille, la marionnette devient une narratrice judicieusement distanciée... Le récit peut aussi s'interpréter comme une métaphore de notre société moutonesque, au sein de laquelle des idoles marketing masquent et jugulent alternativement les réels enjeux de civilisation. En outre, pour aller au bout de leur concept, Delphine Rieu a même écrit les paroles (crédibles et habiles) de 8 chansons, mises en forme dans un cahier final sous l'apparence de la pochette qui accompagne le CD ! Bref, autant de raisons d'espérer que le nouveau format de publication augure enfin d'une suite !