L'histoire :
Il fait nuit. À l'arrière d'une voiture, une petite fille est assise sur la banquette. Elle pleure. Devant se trouve un type qui ne cesse de parler. Costume de chauffeur et dents déchaussés, il s'appelle Charlie Manx. Il rassure l'enfant en lui disant que tout va bien et que lorsqu'ils seront à Christmasland, elle sera au paradis. Continuant à causer, Charlie lui raconte alors son enfance. Né d'un père vaurien et d'une mère prostituée, il était surnommé par sa maman « Face de rat » et avait l'habitude de dormir dans un petit cercueil provenant d'une boutique située à l'arrière de la taverne où sa mère exerçait ses talents. Un jour, alors qu'il sortit faire de la luge, Charlie fut attrapé par un homme qui le viola. À peine remis, il vit cet homme se faire tuer par des bonhommes de neige. Charlie retourna au village, les yeux injectés de sang et une barre à la main. Plus jamais, il ne revit sa mère vivante. Le narrateur avoue ensuite à la petite fille qu'il ne sait pas ce qui s'est passé durant plusieurs années. Il reprend son récit avec sa rencontre avec celle qui devint sa femme...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cela fait maintenant plusieurs années que nous sommes nombreux à surveiller les apparitions de Joe Hill sur des comics. Il faut dire qu'avec Locke & Key, le romancier a pondu un classique instantané. Après divers one-shots plutôt réussis dans l'ensemble (bien que moins mémorables), Milady Graphics publie Sans Issue, un album un peu particulier puisqu'il est composé de récits inédits en lien avec le livre Nosfera2. La première question que l'on se posera, légitimement, concerne la compréhension de l'ouvrage au cas où nous n'aurions pas lu le roman. Le bilan est mitigé de ce côté-là car Joe Hill fait le travail en assurant une vraie lisibilité à l'ensemble, même si à contrario la majorité des allusions faites restent mal indiquées. La plongée dans l'horreur apparaît trop brutale par instant et il y a aussi un sérieux problème de rythme. Parfois trop nerveux, tantôt trop indigeste en textes, Sans Issue part d'une bonne idée mais toussote un peu. Si les fans de Hill se glisseront sans mal dans un univers qu'ils connaissent déjà, pour les autres cela ne sera pas aussi simple. Les thématiques chères à l'auteur sont toujours au rendez-vous mais son histoire se veut par moment trop excentrique pour convaincre totalement. Son récit est en outre bien plus basique que Locke & Key. La prestation plutôt correcte de Charles Paul Wilson III, que l'on a préféré sur L'étoffe des légendes, participe à l'atmosphère délirante de Sans Issue. Moins original et moins marquant que les autres œuvres de Joe Hill, ce récit dispose de vraies qualités qui toucheront principalement les fans de l'auteur ou du roman original.
