L'histoire :
Bill Orlowski est un inspecteur émérite, aux multiples décorations et surnommé le « héros » dans le métier. Jusqu’au jour où il enquête sur les activités douteuses du chef de la police, M. Smith. Ce dernier est suspecté de faire du trafic de drogue mais, plus malin qu’Orlowski, Smith fait plonger l’inspecteur gênant en l’accusant lui-même de vendre de la poudre. Bill prend sept ans de prison et y vit un véritable enfer. En effet, tous les criminels que Bill a mis sous les verrous le retrouvent là-bas et se vengent de façon violente et impitoyable. Bill Orlowski y perdra même un œil. Il se prépare alors à la vengeance et ne cesse de se muscler en cellule. Il porte désormais un nouveau nom : Rex. Enfin prêt, il tue implacablement tous les détenus qui l’ont torturé et décide de s’évader pour retrouver son amour perdu : Ida. La cavale commence…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Zezelj, le dessinateur croate au style sombre et crépusculaire, fait du Frank Miller, façon Sin City. Le personnage de Bill Orlowski ressemble fortement à celui de Marv. Personnage déchu et torturé, Rex aspirait à faire le bien mais il est broyé par le système américain : le capitalisme et l’enfer de la drogue, la corruption et la criminalité. Victime d’injustice, il est emprisonné et y vit un véritable calvaire. Endurci par la haine et la violence, Bill n’a qu’une idée en tête : la vengeance. Le seul moyen de sortir de cette jungle est d’utiliser la force. La violence est terrifiante dans cet album. A l’image de Marv, Rex est musculeux et les veines saillent tant il est en colère et nerveux : il porte également de nombreuses cicatrices, autant de marques qui appellent à la haine. Les scènes de torture en prison ou les scènes de vengeance de Rex sont assez insoutenables et le dessin de Zezelj se fait très sombre et très dur. De la même façon, le décor est archi travaillé : les plans d’ensemble sur la ville américaine sont vertigineux. Il n’est pas rare également que l’auteur s’attarde sur une partie d’un mur ou d’une porte. Que ce soit dans l’exigüité de la prison ou l’immensité des buildings, Bill Orlowski est piégé par un monde moderne inhumain et bestial. Seule porte de sortie : l’amour. Magnifique mélange de violence brute et de sentiments profonds, cet album reprend encore une fois la thématique chère à Miller dans Sin City : ce mélange paradoxal entre douce poésie et actions sanglantes ou comment un monstre assoiffé de vengeance et de mort peut tomber amoureux fou d’une belle blonde, fine et sensible ? L’amour vient hanter Rex et est à la fois sa souffrance et sa libération. Des cœurs ornent les monuments ou les murs de sa prison et il finit lui-même par se graver un cœur sur son bras… au tournevis ! Chaque évocation de la femme aimée est accompagnée d’un papillon : c’est la liberté qui permet d’élever l’âme du héros maudit. Pourtant, le bonheur n’est que de courte durée : Rex ne peut aller contre son destin et se doit de balayer toutes les impuretés de la ville. Le message est dur et sans appel : face à la violence urbaine, il ne faut pas hésiter à répliquer plus violemment encore. « Pour un œil : les deux yeux, pour une dent : toute la gueule ».