L'histoire :
Revoilà les X-Men à l'Institut Westchester, New-York, juste après leurs aventures cosmiques dans le Cristal M'Kraan. Alors qu'une partie des mutants s'apprête à passer une journée pique-nique sympa, Wolverine, préférant éprouver ses instincts de chasseur en forêt, se fait attaquer par un étrange guerrier tout de rouge et blanc vêtu. Celui-ci se fait appeler « arme Alpha », et son Alter ego James Macdonald Hudson connait bien Serval. Tous deux ont été en effet formés dans la même équipe Alpha canadienne quelques années plus tôt, avant que notre héros à griffes d'adamentium ne prenne son indépendance. Vindicator, super-héros au service du département secret H canadien, est en mission pour récupérer la brebis « égarée ». Le reste des X-Men ne va cependant pas l'entendre de cette oreille. Après cette confrontation, et une autre sur le terrain canadien, où les deux équipes vont avoir l'occasion de tester leurs pouvoirs assez similaires, AlphaFlight, de retour au bercail va cependant devoir se réadapter, lâchée par son gouvernement, faute de budget...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce constat de départ sur les chapeaux de roues nous est conté par LE scénariste des Mutants en ces années 70, l'excellent Chris Claremont. Ces cinq épisodes corrects, parus dans Uncanny X-Men 109, 120, 121, 139 et 140, introduisant l'équipe Alpha Flight canadienne au complet, permettent (malheureusement ?) de constater combien, à cette époque-là, l'équipe des mutants s’essouffle et est « remplacée » haut la main par leurs homologues du haut pays. Tout ce qui apporte la plus value vient de ces nouveaux personnages, et très symboliquement, l'épisode de Machine Man #18 inclus ici, scénarisé par Tom de Falco et dessiné par un Steve Ditko en petite forme, s'il n'apporte pas grand chose au déroulé, à part un kitsch humoristique improbable, signe cependant la transition spectaculaire avec ce qui va suivre. John Byrne prend en effet les manettes sur le numéro 1 de la série homonyme Alpha Flight intitulé Thundra, daté d’août 1983, tant au niveau scénario que dessin, et là, c'est un festival d'étincelles ! Dès la page d'ouverture, il nous époustoufle avec sa maîtrise de la mise en page. Au delà cependant de sa maestria graphique, tellement reconnaissable et si prompte à mettre en image les explosions ou les surgissements de structures intrusives, c'est son sens des dialogues, l'empathie qu'il offre à ses héros, le réalisme qu'il met dans leurs relations, amoureuses ou sociales, qui fait toute la différence. Ce que l'on avait pu ressentir de mélo chez les X-Men est balayé par un ton plus adulte relançant la lecture. Tout est juste, bien amené ,des relations conflictuelles entre le couple fraternel Vega/Aurora, conséquence de la schizophrénie d'Aurora, le mélange des vies civiles et super héroïques des différents membres d'AlphaFlight, jusqu’aux relations avec le mysticisme de Shaman, Harfang ou Marina, et leurs capacités à tous travailler ensemble, en bonne intelligence. Là dessus, John Byrne ajoute toutes ses connaissances de bon canadien « d'origine » pour nous proposer des décors ainsi que des touches politico sociales « locales » bienvenues. En conclusion : un tome très bon et indispensable, qui aurait pu mériter un 4/4, si seulement 5 épisodes sur 14 avaient été au même niveau. Historique et largement recommandé, anyway !
