L'histoire :
30 avril 1897, Munich. Jonathan Harker est un notaire anglais en villégiature. Par cette journée magnifique, il part en excursion et reçoit cet avertissement adressé aussi au cocher : « Soyez de retour avant la nuit, un orage se prépare. Et vue la nuit dont il s'agit… ». A l'orée d'une forêt, il souhaite prendre une route, apparemment peu empruntée et qu'il trouve charmante. Mais le cocher est effrayé. « Bitte, Herr Harker, pas… pas par là… C'est …C'est Walpurgisnacht ! ». Une nuit sacrée et maudite à la fois, qui précède la Saint Georges et qui voit, selon la légende, les forces du mal déferler sur la Terre à compter de minuit. Un brin suffisant, l'Anglais fait fi des avertissements qu'il reçoit et choisit de s'aventurer à pied. Il renvoie vertement le cocher et sa calèche. Il est alors bien loin de se douter que cette nuit changera à jamais sa vie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il se dit que Dracula est le personnage de littérature qui a le plus souvent été adapté au grand écran… juste après Sherlock Holmes. Et comment oublier le chef-d'œuvre expressionniste Nosferatu le Vampire (1922) ou l'interprétation de Bela Lugosi (1931) ? Un personnage qu'on doit à Bram Stoker, qui s'était lui-même inspiré directement de la nouvelle de Polidori, Le Vampire, écrite en 1819. C'est cet esprit originel que Leah Moore (fille du célèbre Alan) et son époux, Jonathan Reppion, ont souhaité traduire à travers leur adaptation. A tel point, qu'ils ont inclus le premier chapitre (L'invité de Dracula), coupé initialement par l'éditeur. On suit donc le parcours des personnages, au fur et à mesure de leurs apparitions. Très vite, on accompagne Harker en Transylvanie, à la suite de l'invitation lancée par le Comte. Un huis clos étouffant à souhait, où l'angoisse grandissante du Notaire envahit également le lecteur. Puis la narration épouse les journaux et correspondances que tiennent le Dr Seward, Mina Murray et son amie Lucy (qui sera victime de la langoureuse étreinte du métamorphe), jusqu'à l'intervention de Pr. Van Helsing… Enfin, la façon dont quelques évènements inquiétants s'intercalent dans le récit, amène encore un peu plus de tension : le naufrage du Demeter, relaté par le capitaine dans son carnet de bord, est un moment remarquable. Jonathan Worley délivre des peintures qui illustrent idéalement le texte, mettant en forme le drame, les souffrances, la peur et le mystère propre à ce personnage culte. Un album gothique, au sens noble du terme.