L'histoire :
Journal de Mina Harker : « Je dormais et j'attendais le retour de Jonathan. Je me sentais anxieuse, impuissante, le corps et le cerveau très lourds. La lumière du gaz n'était plus qu'un point rouge dans le brouillard épais qui se répandait dans ma chambre. Je voulais me lever pour m'assurer que la fenêtre était fermée, mais une léthargie de plomb me ceinturait les membres. Le brouillard se faisant plus dense, je voyais maintenant qu'il entrait par le contour de la porte. Et dans le tourbillon de mes pensées, surgit cette phrase biblique : « Colonnes de nuages le jour, et de feu la nuit ». La colonne, alors, était de jour et de nuit, car le feu était bien dans cet œil rouge qui transperçait la brume… et se scinda bientôt en deux prunelles semblables à celles qu'avait vues Lucy à Whitby. Je dus m'évanouir dans mon rêve, car tout devint noir. Le dernier effort conscient de mon imagination me fit entrevoir un visage livide qui se penchait sur moi. ». Le Pr Van Helsing, avec l'aide de Lord Godalming, du Dr Seward, des époux Harker et de Quincey Morris, a démontré l'existence séculaire des Nosferatu. Ils vont pourchasser Dracula jusque sur ses terres…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Leah Moore est la fille d'Alan Moore. C'est aussi l'épouse de John Reppion. Tout deux ont déjà travaillé ensemble, notamment pour la série Tom Strong. L'adaptation de grands classiques ressemble désormais à leur spécialité, puisqu'ils ont signé The complete Alice in Wonderland ainsi que Sherlock Holmes. Avec The complete Dracula, ils ont souhaité conserver l'incroyable qualité littéraire du roman culte. Le texte et les dialogues s'avèrent donc abondants. Omniprésente, la narration s'appuie sur les extraits de carnets de notes tenus par les personnages, essentiellement le Dr Seward, Mina et Jonathan Harker. Bien sûr, on a droit aux états d'âmes, ô combien tourmentés, du Pr Van Helsing. C'est ainsi que toute la palette des émotions, entre l'angoisse et l'effroi, nous est communiquée, faisant de la dimension psychologique l'essentiel du récit. Car cette adaptation a le mérite de ne pas verser dans le gore ou une imagerie de pacotille qui a si souvent galvaudé le personnage original. Ici, Dracula est souvent suggéré et il ne donnera pas lieu à une surenchère d'hémoglobine. Quant aux dessins de Jonathan Worley et de tout un collectif d'artistes, ils se réfèrent volontairement aux peintures romantiques du XIXe siècle, où tout semble figé par la pose des personnages. Un traitement graphique qui ne fait que renforcer l'ambiance lourde et inquiétante. Un parti pris tellement peu spectaculaire, que certains trouveront désarçonnante cette vision du plus célèbre des Vampires. Nous, on a aimé qu'elle ne soit pas qu'un cliché de plus…
