L'histoire :
Michael Goodwin est journaliste d'investigation. il a rendez-vous avec les 4 derniers survivants qu'il a trouvés de la 4ème section, compagnie Kilo, 3ème bataillon du 26éme régiment de Marines. Des anciens du Nam'... Ces types aux gueules usées, au regard profond l’accueillent avec un brin de circonspection, mais ils se doutent bien de ce qui amène le journaleux. Alors ils le laissent parler au début. L'homme qui boit un verre avec eux expose le point de vue qu'il veut développer dans son article : il souhaite parler des gosses qui s'étaient engagés et qui ont quitté une Amérique innocente, ont perdu la leur et sont revenus dans un pays qui avait changé. Goodwin est connu de ces vétérans. En tout cas, sa réputation l'avait précédé car il avait signé un livre à côté duquel ils n'étaient pas passés : «Valley Forge, Valley Forge», l'histoire du massacre d'une base entière de Marines... Alors les vieux frères d'armes de Frank Castle commencent à parler et évoquent le souvenir de celui qui leur a tous sauvé la vie, en plein bourbier vietcong....
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On ne présente plus le duo Garth Ennis/Goran Parlov, qui a porté au sommet les aventures, on devrait plutôt dire les représailles, du Punisher. Un des récits particulièrement marquant fut Valley Forge, Valley Forge, narré par un journaliste, Michael Goodwin (référence évidente au journaliste engagé Michael Moore). De façon extrêmement habile, Garth Ennis recolle les morceaux avec cet épisode, pour nous proposer un témoignage en forme de comme back au sujet de la personnalité de Frank Castle, avant que son nom soit accolé à celui du tueur au T-shirt à tête de mort. On ne se lassera jamais de vous dire que le scénariste irlandais est un spécialiste de l'Histoire des conflits et qu'il a une capacité proprement incroyable à immerger immédiatement le lecteur au sein des actes de guerre qu'il narre donc ici. Apocalypse now... Les fans du Punisher auront ainsi le plaisir de découvrir ce qui n'avait jamais été traité jusque là : qui était ce type quand il a pris le commandement de sa section ? Loin d'être une tête brûlée, encore moins un tueur psychopathe, il se démarque au contraire par son sang-froid et une considération qui passe au dessus de tout : protéger la vie de ses soldats. Le reste est simple : la fin justifie les moyens. Ne vous attendez pas ici à retrouver la gouaille dont peut faire preuve Garth Ennis, avec son goût pour les dialogues et situations outrancières et outrageuses. Ici, ça ne rigolera pas une seule fois. C'est bien simple, on pourrait presque remplacer la figure du Punisher par celle d'un soldat anonyme et le fond n'en serait pas altéré, car c'est un véritable récit de guerre, qui a tout des allures d'un «vrai témoignage», qu'il livre. Goran Parlov produit quant à lui, une nouvelle fois aussi un travail fabuleux, mis en couleurs par une autre pointure, Jordie Bellaire. Pas une planche ne laisse le sentiment de «laisser aller» et quelques scènes font froid dans le dos. À l'instar de Castle et sa section, le lecteur se retrouve en plein merdier et il devient témoin de la façon dont il en sort ses hommes. Ce volume qui relance la collection 100% Marvel viendra donc soigneusement compléter les rayonnages de ceux qui suivent avec amour le personnage et ces deux auteurs. Pour les autres, il a tout d'une porte d'entrée pour les appeler à rejoindre les premiers. Un remarquable comic book !