L'histoire :
En 1944, Crâne Rouge expérimente une méthode d’extermination des plus efficaces. En effet, les Russes ont conçu un nouveau programme eugénique de super-héros d’un nouveau genre. Cependant, à la chute de l’Allemagne et à la libération de la Pologne, certains sujets modifiés ont survécu à l’extermination du suppôt d’Hitler. Dans le monde d’aujourd’hui, beaucoup de super-héros se sont éteints ou sont sur le déclin. Une équipe secrète et surentraînée, la Brigade des Jeunes, se charge de missions souvent désespérées pour sauver le monde. Près d’un passage temporel, Miss America trouve un être étrange à double identité qui prédit un avenir sombre. Selon lui, l’univers s’apprête à vivre un déséquilibre dangereux. Dans le même temps, une équipe de super-vilains est chargé (par un mystérieux commanditaire) de retrouver les anciens super-vilains pour rejoindre leur camp. Une autre équipe de super-héros intervient également. Mené par Kyle Richmondon, on y retrouve Miss Hulk, Krang, Hellstorm et Nighthawk. Le mal est partout et semble vouloir prendre sa revanche...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce crossover attendu, Joe Casey avait pour mission de faire un gros blockbuster avec comme seule contrainte d’intégrer des super-vilains charismatiques : Crâne Rouge, Loki, Fatalis, Magnéto, Octopus et Bullseye (rien que ça !). Au lieu de les utiliser véritablement comme personnages à part entière, Joe Casey place son histoire dans le futur par rapport à la thématique Marvel et fait des super-vilains des êtres de musée ou des momies savamment conservées. Cette pirouette est habile car elle permet du coup de réinvestir des personnages archi connus et de revenir sur des éléments qui sont devenus des archétypes anciens. Le monde Marvel a donc beaucoup changé sous la plume de Casey et le scénariste intègre joyeusement une série de nouveaux personnages : le fougueux et arrogant Annihilateur Ultime, l’ombrageuse Miss America (reprise non déguisée de Wonder Woman) sans compter ce mystérieux personnage à la personnalité multiple et aux réflexions métaphysiques. Dans le camp opposé, des super-vilains atypiques font aussi leur apparition : le sanguin Exécuteur, le nocif Radioactive Kid, le dévoreur Mako et la belle Chevalier Noir. Avec un certain savoir faire, Casey réinvente le monde des super-héros et injecte du sang neuf et juvénile : du coup, les moyens de communication deviennent ultra modernes (les super-héros s’envoient des SMS), les supers vont en boîte et sont des séducteurs invétérés et passent leur temps à se « chambrer ». Cette marque contemporaine est quelque peu artificielle même s’il est amusant de voir que les nouvelles générations intrépides donnent une leçon au « vieux » Magnéto ! L’album fourmille d’idées neuves et de trouvailles. L’action est omni présente et la narration très moderne et dynamique mais le comics est malheureusement difficilement lisible. A cause d’une histoire éclatée et bien trop foisonnante, le lecteur se perd et a du mal à comprendre l’intrigue principale. Changements d’époques et de mondes, dialogues métaphysiques incompréhensibles, missions qui s’enchaînent sans réel lien, le crossover déroute tant il est dense et quasi fourre-tout. Pour compenser cette complexité de scénario, Casey offre un festival d’actions tonitruantes (avec la sempiternelle « baston » orgiaque à la fin du tome) mais là encore, on atteint vite l’overdose avec des dialogues naïfs et ridicules. Le dessin de Nick Dragotta est par contre très efficace par sa nervosité et son art de sublimer les nouveaux personnages de la série… sans compter les couvertures éblouissantes de Dell’Otto. Un crossover raté à force de vouloir trop en faire…