L'histoire :
Charlie Northern, un ancien du Vatican qui a perdu la foi, s’est reconverti outre-manche en inspecteur de Scotland Yard. Jusqu’au jour où son ami Marcel, toujours prêtre à Rome, vient le chercher pour élucider un énigmatique suicide. Le cardinal Richleau, successeur pressenti du Pape, a chuté du troisième étage et s’est empalé sur les grilles du palais papal. Charlie ne croit pas à la thèse du suicide : il aurait fallu que Richleau fasse un bond prodigieux pour atteindre seul les grilles ! Les faits sont particulièrement troublants et la vacuité du relevé d’indices témoigne d’une police locale un peu trop incompétente pour être crédible… Charlie suspecte alors le sombre cardinal Toscianni, grand prêtre d’un culte démoniaque, d’être mêlé de près à cette sordide affaire. C’est alors que dans les rues de Rome, une voiture tente de l’écraser. Quelques jours plus tard, son ami Todger, expert légiste londonien, est retrouvé charcuté et pendu dans sa chambre d’hôtel. Charlie s’approcherait-il de la vérité ? A-t-il raison de faire des confidences sur l’oreiller à Lucille Peliccia, conseillère comptable au Saint-Siège ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme il fallait s’en douter, l’enquête de Charlie se termine un peu en queue de poisson. Ni tout à fait cartésienne, ni franchement ésotérique, l’énigme du meurtre de Richleau passe par des voix légèrement impénétrables… et puis basta. Comme si Paul Jenkins, au scénario, n’osait pas nous faire de franches Révélations. Comme si l’existence des forces célestes restait surtout au choix du lecteur. La conclusion du thriller aux dimensions inhabituelles, fidèles au format comics d’origine, déçoit donc par rapport à ce que promettait le premier tome. On retiendra néanmoins du diptyque un mode narratif enthousiasmant, dans un genre « catholic-fantaisy » largement piétiné actuellement, dans tous types de fictions (Da Vinci Code…). Le cynisme de la voix off, la rudesse des dialogues, l’intrigue haletante, se complètent à merveille d’une ligne graphique étonnante et efficace. Aux crayons, Humberto Ramos (qui a repris de belle manière les aventures de Spiderman outre atlantique) combine toujours de savants cadrages et de larges cases torturées (les scènes de pluie !). Il réalise en tous cas un travail bien plus lisible que son récent K (également chez Soleil), parfaitement rehaussé de la colorisation de Léonardo Oléa. Un diptyque esthétique et différent, à découvrir…