L'histoire :
A la lueur du petit matin, Travis Kidd reconduit sa petite amie au volant de sa belle décapotable noire, en direction du domicile de ses parents. Cigarette au coin des lèvres et lunettes de soleil vissées sur le nez, il semble évident que le jeune Travis est une mauvaise graine prête à corrompre la douce Piper. Alors qu'il se prépare à offrir un dernier baiser langoureux à sa jeune conquête, il est surpris en flagrant délit de bécot par les parents de cette dernière. En pyjama devant la porte de leur domicile, ils exigent de leur fille de rentrer immédiatement mais Travis prend effrontément la défense de sa petite-amie. Piqués au vif, les parents de Piper acceptent alors d'inviter le jeune rebelle chez eux. À peine passé le seuil de la porte, le jeune homme dégaine son arme et abat les deux adultes, avec au creux de la bouche, un sourire de satisfaction... Encore sous le coup de la sidération, la jeune femme voit alors ses parents se redresser, les yeux rouge sang et affichant deux grands sourires de carnassiers affamés. Quant à lui, Travis n'est pas surpris le moins du monde, méthodiquement et avec une violence froide, il va se débarrasser de ce couple d'infâmes vampires. Afin de mettre un point final magistral à son exécution, il s'équipe alors d'un dentier en bois doté de crocs terrifiants pour effectuer sa sentence. Pour lui c'est "œil pour œil, dent pour dent"...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La série American Vampire entre de plain-pied dans la seconde partie du XXème siècle et accueille à son casting un nouveau chasseur de vampires très charismatique : le jeune Travis Kidd. Comme toujours, cette saga sanguinolente est un parfait révélateur de l'esprit de la période évoquée. Rock'n Roll, guerre froide, chasse aux sorcières ou bien ségrégation raciale, Scott Snyder n'en finit plus de nous surprendre avec des histoires parfaitement calibrées qui dynamisent à chaque fois une intrigue dont la tension ne faiblit à aucun moment. La force de l'auteur est de ne jamais rester sur ses acquis, en réinventant à chaque fois son univers par des trouvailles scénaristiques bluffantes et en faisant constamment évoluer l'interaction entre ses différents personnages. Vassaux de Vénus, Skinner Sweet, Pearl Jones, les liens qui les unissent sont constamment mouvants et Snyder prend un malin plaisir à brouiller sans cesse les cartes. Bien plus que le mythe du Vampire, il s'intéresse au final à la thématique du mal sous ses différentes formes, et quelque soit la forme que revêt le croquemitaine, il est présent partout et depuis l'aube des temps. Au-delà des mots, Rafael Albuquerque parvient à la perfection à retranscrire en image l'horreur et la cruauté qui suintent littéralement au travers des planches. Mais son talent précieux est aussi de capter l'atmosphère d'une époque, tel un Polaroïd des glorieuses années 50 américaine. Le génial Dustin Nguyen participe aussi à cette réussite en illustrant brillamment un chapitre consacré au plus célèbre des vampires... Plus que jamais, American Vampire s'impose comme une référence du récit d'horreur en bd, mais au final, il est bien plus que ça. C'est un chef d'œuvre envoûtant.