L'histoire :
Dans un hangar désaffecté, des hommes à la mine patibulaire se réunissent pour se concerter. Ils ont en effet tous un point commun : leur haine envers Batman. Carew était un grand faux-monnayeur mais Batman a mis fin à sa carrière ; Barney avait tenté de piéger la Batmobile mais l'explosion lui a arraché la main et un autre bandit allumait des incendies avant que Batman ne le jette en prison. Ils décident de faire un Clan Anti-Batman et prennent même des costumes pour ressembler à leur pire ennemi. Cependant, leur plan est moins secret qu'ils n'imaginent : des hommes au crâne rasé les observent du haut de leur vaisseau. Ils se téléportent dans le hangar et font face à l'escadron anti-Batman. Eux mêmes sont opposés à Superman et tentent de l'éliminer depuis de nombreuses années. Ils ont l'idée de s'allier aux ennemis de Batman pour tuer les deux super-héros. Pour ce faire, ils ont un plan : le duel des cerveaux est un grand évènement où Batman et Superman s'affrontent chaque année pour gagner des trophées offerts par le perdant. Pendant qu'ils seront occupés à rentrer en concurrence, les deux escadrons pourront en profiter pour tenter d'éliminer leurs ennemis. Le duel commence dans quelques jours...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Urban réédite les histoires de Batman dessinées par Neal Adams à la fin des années 60 et au début des années 70. Ce premier volume contient donc une quinzaine de récits du «croisé en cape» avec pas moins de 360 pages ! On retrouve avec bonheur tout une époque : celle où Batman était un héros lisse et parfait, adepte des arts martiaux et brillant détective capable de résoudre n'importe quelle énigme. L'audace des scénaristes est remarquable et les intrigues sont particulièrement étonnantes : une fête mexicaine macabre dans un cimetière, un pèlerinage dans un «paradis» bouddhiste, un défi annuel entre Batman et Superman... Batman devient même un agent secret des services britanniques pour enquêter sur les activités des nazis et empêcher une contre-offensive au débarquement de Normandie ! L'originalité des intrigues s'accompagne d'ennemis au nom étrange et aux pouvoirs improbables : The Creeper est un lutin qui ricane sans cesse ; Hellgrammite un gigantesque insecte ; Sensei le maître de la Ligue des assassins ; on retrouve également Deadman, un fantôme qui peut entrer dans les corps humains et le célèbre Manbat un double inversé de Batman qui est devenu une chauve-souris homme ! Si l'originalité est de mise, le traitement des histoires est plutôt classique voire parfois répétitif. L'action l'emporte sur tout le reste et les dialogues sont souvent un peu mièvres ou redondants par rapport à l'image. Cette intégrale vaut surtout pour son visuel avec un travail étonnant de Neal Adams. D'une étonnante modernité, son trait bouscule toutes les conventions. Les planches sont complètement folles avec des contre-plongées saisissantes, des angles et prises de vue ahurissantes, des mouvements hallucinants et des personnages au charisme unique. Les corps dépassent des cases dans une liberté créatrice folle et les cases elles-mêmes se transforment en imitant un motif de l'histoire. La cape de Batman devient des cases séparées par les plis du vêtement et l'ensemble est d'une créativité et d'une expressivité stupéfiantes. Du grand art, digne du plus charismatique super-héros de chez DC !