L'histoire :
Batman a longtemps été le seul protecteur de Gotham. Or, depuis quelques années, il n’est plus unique. Katherine Kane, surnommée Kate par beaucoup, endosse elle aussi un costume et se fait appeler Batwoman. Lors d’une de ses excursions nocturnes lors desquelles elle traque les criminels, elle apprend notamment que les clans de sorcières ne sont plus douze, mais treize. Mais aussi qu’un nouveau chef a pris le pouvoir des gangs. Contrairement à Bruce Wayne qui a toujours su gérer sa vie, de jour comme de nuit, la tâche de justicière est bien compliquée pour Kate. Elle se lève assez tard et des traces de coups de la veille sont souvent encore visibles sur son corps. De quoi mettre à mal sa relation amoureuse avec Anna... Heureusement, elle peut compter sur son père, un colonel, qui l’accepte telle qu’elle est, que se soit à travers son apparence officielle ou celle de justicière. Le soir venu, elle revêt son costume et se rend au pied d’une église où, selon ses informations, les membres d’un des clans de sorcières se réunissent. A son arrivée, Batwoman tombe effectivement sur plusieurs d’entre eux, ainsi que sur leur chef, une jeune femme répondant au doux nom d’Alice. Qui peut-elle être ? Et surtout, comment a-t-elle pu ranger tous les clans sous son aile ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Créée en 1953, Batwoman est loin d’avoir rencontré autant de succès que son pendant masculin, le fameux Batman. De retour après plusieurs années d’absence et notamment sa participation au crossover 52, celle-ci est enfin consacrée par le talent de deux immenses auteurs. Le premier est J.H. Williams III, un artiste hors norme qui a déjà transcendé des titres comme Desolation Jones ou Batman L’île de monsieur Mayhew grâce à son style très travaillé et à un découpage de folie. Là encore, l’artiste laisse libre cours à son génie. Les cadrages sont dynamiques et spectaculaires, son trait varie et s’adapte au contexte de l’histoire, ses cases sont exploitées au maximum. Un résultat millimétré et tellement pointilleux, qu’on aimerait lire plus souvent. La colorisation de Dave Stewart ne plaira peut-être pas à tout le monde : certaines teintes sont assez vives. Le parti-pris esthétique du coloriste attitré de Mike Mignola sur Hellboy est osé et rend néanmoins justice au trait de J.H. Williams III. Pour les 3 épisodes suivants, on retrouve l'excellent Jock qui ne déçoit jamais lorsqu'il s'agit d'illustrer Gotham et ses habitants. Or, en sus des beaux dessins (un atout indéniable pour un ouvrage indispensable), le scénario se révèle exquis ! Greg Rucka s’est fait connaître avec les très bons WhiteOut et sa série Queen & country. Avec cette Elégie pour une ombre, il réussit l’exploit de présenter la super héroïne aux nouveaux lecteurs. Pour cela, il utilise des flashbacks bien sentis. Le scénariste amène également le thème de l’homosexualité et de son acceptation dans les mœurs actuelles. Il est également amusant de voir que si Batman a un ennemi juré (le Joker), les auteurs ont créé un adversaire à la mesure de Batwoman avec Alice. Celle-ci ne revient pas du pays des merveilles, l’allusion à Lewis Carrol est évidente, sa folie la rend effrayante. L’album se distingue également par un aspect fantastique plus présent, avec la présence de créatures (loup-garou...). On pourrait décrire au final cet opus comme une vision barrée évoquant Tim Burton vis-à-vis de la justicière de Gotham. Batwoman est une véritable baffe graphique soutenue par un récit solide et efficace, ce qui en fait, c’est une certitude, l’un des incontournables de cet été. Excellent !