L'histoire :
Ceux qui refusent de voir croient qu'il n'existe qu'un univers visible et que tout le reste n'est que le fruit du délire des âmes perdues. Et pourtant il existe des preuves indiquant le contraire. J'ai voyagé aux confins du monde pour prouver que les visons que je continue d'avoir sont réelles, si ce n'est plus, que notre réalité est palpable. Après tout, comment pourraient-elles être fausses alors qu'elles me tiennent éveillé ? La ville semble pourrir de l’intérieur et j'apprécie cette crasse. Sa puanteur diffère totalement de ce que j'ai pu sentir durant mes voyages. C'est comme si, là où d'autres lieux se terminent, la cité de Yharnam ne faisait que commencer. L'odeur putride, stagnante des caniveaux. Le chêne des cercueils jonchant les rues. L'âpreté herbeuse de la bière locale. Ces choses éveillent mon intérêt... Je suis peut-être un ivrogne, mais je suis peut-être un homme déterminé à ne servir que la vérité...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bloodborne est l'exemple même de la série dont on n'attend pas grand chose, parce qu'elle est tout simplement un produit dérivé d'un jeu vidéo. Et puis avec un premier tome à l'histoire catastrophique, même s'il proposait déjà un visuel séduisant, l'affaire semblait pliée : on avait eu la désagréable impression d'être en présence d'une vulgaire opération marketing. C'était sans compter sur la formation d’alchimiste qu'Ales Kot a du passer depuis, tant les trois volumes suivants ont proposé des récits intéressants et on va vous le dire tout de suite, celui-ci est une petite perle lovcraftienne, qui se greffe à merveille dans l'univers de la série. Le récit est parfaitement structuré pour mieux nous faire pénétrer l'âme déstructurée du narrateur ! C'est un vrai trip qui nous est proposé, avec sa narration à la première personne et donc plein de références aux œuvres du romancier de Salem que vous vous ferez le plaisir de découvrir au fil des pages. Comme le maître Lovecraft, Ales Kot embarque lui aussi le lecteur au cœur de la folie des personnages et il est une nouvelle fois bien aidé par les planches superbes de Piotr Kowalski. L’artiste n'arrête pas de faire forte impression et il modèle un monde dans lequel l’architecture gothique joue un véritable rôle. Voici donc un nouvel épisode qui se lit de façon complètement indépendante et qui secouera bien le lecteur, avec sa beauté violente.