L'histoire :
Il semble loin le temps où les habitants de Yharnam vivaient de la prospérité de la ville. A vrai dire, nul ne pouvait penser que les Ténèbres allaient s'abattre sur leur terre. Avec la malédiction de la Bête, la maladie du sang cendré s'est répandue plus vite encore que la peste. Fidèles au poste, les chasseurs exterminent sans relâche les monstres, mais cela ne suffit pas à ce que l'Enfer emporte avec lui de plus en plus de victimes. C'est ce à quoi pense un docteur, penché sur un cadavre infesté. Il observe à la loupe la prolifération de la maladie sur la peau du citoyen qui a rendu son dernier souffle, en pleine rue, quand deux soldats viennent le rappeler à l'ordre. Ils sont des chasseurs. Celui qui lui adresse la parole lui conseille de ne pas rester là et lui rappelle que les victimes de la malédiction de la bête tendent à ressusciter au moment le plus inopportun. L'homme de science se présente à eux comme étant Alfredius. Il met ses connaissances au service de la ville et enquête, à la recherche d'indices. Mais il ne dispose d'aucun sauf-conduit et avoue spontanément être guérisseur de son propre chef. Il est alors prié par les chasseurs de rentrer chez lui et de se mettre au repos car la ville se défend toute seule, par leur intermédiaire. Il n'aura qu'à reprendre ses bonnes œuvres plus tard, quand l'Église du Remède lui aura délivré une autorisation expresse... Alfredius obtempère, mais il ne compte pas pour autant renoncer à la mission qu'il s'est fixé...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un départ catastrophique, le Tome 1 pouvant être résumé à une suite de scènes gores, l'adaptation du jeu vidéo redresse sérieusement la barre en proposant avec cette suite, qui peut être lue sans qu'on ait besoin de raccrocher les wagons, une enquête à double tiroir. En effet, les deux personnages qui animent ce volume sont d'une part, un docteur et d'autre part, un prêtre. Tous deux sont en proie au doute et on avance tantôt dans les pas de l'un, tantôt sur les traces de l'autre. Très vite, le lecteur se trouve immergé dans ce monde qui mixe les références aux mœurs moyenâgeuses avec l'architecture de l'Angleterre victorienne. Si, dit comme cela, ce mélange semble curieux, il prend une forme extraordinaire grâce au talent de Piotr Kowalski. En effet, les décors, cette ville inquiétante qu'il invente et le dessin de chaque personnage est la clé qui ouvre la porte vers un univers qui séduira tout amateur d'art séquentiel. Côté narration, le recours à la voix-off fonctionne parfaitement. Si bien que c'est une belle surprise qu'on tient là. Adieu les effusions de sang du volume précédent et bienvenue à, enfin, un scénario digne de ce nom. On retrouve en effet le thème fascinant de deux écoles de pensées qui se rencontrent, plutôt qu'elles ne s'affrontent, incarnées par les deux personnages : le discours de la science vs celui de la croyance, de la foi. Et petit à petit, chacun va aider et nourrir l'autre de sa richesse et de son humanité, face à un danger mortel dont les formes se dévoilent quelque peu. Mystère, action et beauté deviennent ainsi le trépied de ce comics fort agréable. Et un pied, vous en prendrez donc à sa lecture !
