L'histoire :
Depuis aussi loin que sa mémoire lui permette de s'en souvenir, Selina a toujours vu sa mère ramener une ribambelle de nouvelles conquêtes à la maison. Elle les rencontre généralement au bar où elle travaille comme serveuse et le point commun qui semble les lier tous avec une régularité assez fascinante est la propension qu'ils ont à être un beau ramassis de pourritures, aussi bêtes que méchants. Au concours du plus beau spécimen de raclure, le dernier compagnon de sa mère gagne malheureusement haut la main, tant sa cruauté imbécile ne semble avoir de limite. Selina, du haut de ses douze ans, devient rapidement le souffre-douleur de cette brute qui n'accepte pas le caractère bien trempé de cette adolescente qui ne se laisse pas faire. Les violences se font de plus en plus présentes et Selina ne peut même pas compter sur le soutien de sa mère, qui trouve toujours une lâche justification aux agissements de son compagnon. Suite à un ultime acte ignoble, elle décide de fuir cet environnement mortifère et de prendre son destin en main. Désormais sans domicile, elle va apprendre à se construire dans les ruelles sombres de Gotham...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Catwoman under the moon est le nouvel album publié sous le Label Urban link qui vise un public de jeunes adultes souhaitant lire des aventures de supers-héros. Ici, nous découvrons une Selina Kyle âgée d'une dizaine d'années, qui fréquente l'école et côtoie d'autres élèves de son âge dont un certain Bruce Wayne. Une vie assez classique, si ce n'est qu'en fait son quotidien est tragiquement plus sordide. Lauren Myracle, qui scénarise ici son premier comics, est surtout connue pour ses fictions à destination des adolescents et nous sommes ainsi ici très loin des combats épiques à base de pouvoirs en tout genre. Elle préfère s'intéresser à l'intime et aux tourments vécus par notre jeune héroïne, en évoquant des sujets durs et poignants, comme notamment les violences familiales et la vie de jeunes abandonnés à leur triste sort dans la rue. Nous sommes donc ici dans un roman graphique clairement engagé, qui remue le lecteur et peut faire penser à une histoire de Cendrillon des temps modernes. Mais tout n'est pas si noir et le dessin en nuance de bleus de Isaac Goodheart est bluffant de talent et n'est pas sans rappeler le travail classieux d'Adrian Tomine. Son trait épuré et précis apporte à la fois de la consistance au récit mais aussi une agréable douceur. Dans l'obscurité de la face cachée de la lune, la jeune Catwoman construit douloureusement sa légende...
