L'histoire :
Bras de Oliva Domingos a 32 ans et certains dons pour l'écriture. Le souci est qu'il s'en sert pour écrire la rubrique nécrologique d'un grand quotidien de Sao Paulo. Ses talents sont reconnus par son rédacteur en chef, qui voit dans ses écrits des mots réconfortants à l'intention des familles. Mais Bras a bien du mal à assumer d'être le fils de Benito, un écrivain célèbre dans tout le pays. Justement, il reçoit aujourd'hui un appel de sa mère concernant celui-ci. Elle le prévient que pour son père, c'est un grand jour mais pour Bras, cela est aussi synonyme de son manque d'inspiration vis à vis du rêve qu'il entretient depuis longtemps, écrire un livre lui aussi. Heureusement, Bras peut toujours compter sur Jorge, son plus fidèle ami depuis la faculté, et sur Anna, son épouse. Ceux-ci l'encouragent à se confronter à la vie et à arrêter de fuir son père. Le soir venu, Bras s'est bien habillé et compte participer à la cérémonie consacrée à son paternel mais avant ça, il part acheter des cigarettes. Là-bas, sa vie va prendre un tournant inattendu...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Daytripper fut récompensé en 2011 par l'Eisner Award du meilleur album. Dire que sa sortie dans l'Hexagone était attendue est donc un euphémisme. C'est en un seul volume chez Urban Comics que les lecteurs auront la chance de découvrir cette œuvre réalisée conjointement par Fabio Moon et Gabriel Ba, deux auteurs brésiliens qui sont frères jumeaux. L'histoire est très abordable, on y suit Bras, un homme doué pour l'écriture, à différents moments de sa vie. Le personnage est immédiatement attachant. Il y a de quoi le rendre sympathique aux yeux des lecteurs entre son complexe vis à vis de son père qui est un véritable écrivain, lui qui n'est qu'un simple rédacteur de rubrique nécrologique. Les questions existentielles autour de la place de l'amitié et de l'amour dans la vie, mais surtout les interrogations quant à l'acception de la mort sont les thèmes de ce récit. Durant les dix chapitres de Daytripper, on suit un voyage délicat et onirique, celui d'un rêveur en quête de repaires et surtout de la signification du vrai bonheur. Ba et Moon se plaisent à toucher nos âmes en évoquant des maux qui seront très personnels pour certains, instructifs pour d'autres. La narration est subtilement construite, les fins d'épisodes sont aussi brutales qu'importantes. On y comprend combien les auteurs encouragent les lecteurs à vivre leur vie pleinement ! La mise en scène alterne aussi bien les scènes nerveuses à d'autres plus calmes, permettant à l'émotion d'être toujours plus saisissante. Sans trop en dire pour conserver toute la surprise de ce récit, sachez que vous serez touché comme rarement. La justesse de cet album se trouve aussi dans les dessins des deux frangins. Leur trait est dépaysant, aéré et bénéficie d'une mise en lumières de Dave Stewart d'une sensibilité rare. Daytripper est le genre de lecture marquante, de celle que chaque lecteur n'oublie pas et que l'on conseillera à ceux qui ne l'ont pas encore découvert. Ajoutons que cette édition bénéficie des recommandations de Cyril Pedrosa (Portugal) et de Craig Thompson (Habibi), deux auteurs habitués à nous bouleverser eux aussi.
