L'histoire :
À bord de son bus magique psychédélique, M. Personne et les membres de la confrérie de Dada traversent le territoire américain afin de mener à bien leur campagne électorale complètement déjantée. Mais les effets hallucinogènes produits par l'incroyable véhicule lors de ses déplacements provoquent des scènes de chaos qui commencent à inquiéter les autorités. De leur côté, les membres de la Doom Patrol semblent fondamentalement divisés sur l'attitude à adopter face au fantasque personnage. D'une part, Cliff qui y perçoit une menace imposant de fait l'intervention urgente de l'équipe, et de l'autre Crazy Jane qui semble apprécier l'honnêteté nihiliste du personnage. Quant à Larry, il décide de quitter urgemment ses camarades pour des raisons mystérieuses liées à son cycle vital. Alors que l'équipe semble plus que jamais divisée, un autre péril commence à prendre dangereusement corps dans les effrayants cauchemars de la pauvre Dorothy...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lorsque l'on évoque la Doom Patrol, nous sommes de manière radicale, bien loin de l'imaginaire classique de l'équipe super-héroïque du comics. Ici, pas de justiciers lumineux et beaux comme des dieux, nous avons plutôt à faire à une galerie de personnages inquiétants façon freak show et composée d'individus clairement monstrueux et mentalement dérangés. En fil rouge de nombreux de ses récits, l'Ecossais Grant Morrison nous démontre son appétence ancrée au plus profond de son intellect pour les réflexions liées aux questions de l'aliénation mentale et du bizarre. On ne va pas se mentir : la lecture de ces épisodes est souvent absconse et déstabilisante comme peut l'être la contemplation d'un tableau de Salvador Dali ou la découverte de l'univers étrange de Lovecraft. Le résultat est aussi décousu que certains de nos rêves d'où émergent des folies qui s'enchaînent frénétiquement avec une logique aléatoire, sûrement mis en ordre de marche par nos propres névroses. Malgré tout, le récit tient la route et Morrison nous propose une œuvre dense, singulière, exigeante et expérimentale, mais aussi étonnamment attachante. Ce voyage dans les terres fécondes de la folie est illustré avec talent par Richard Case, dans un style graphique fidèle à l'esprit des publications Vertigo de la fin des années 80. Tel le docteur Frankenstein, il parvient avec justesse et simplicité à donner vie à la monstrueuse créature sortie du cerveau bouillonnant de l'audacieux scénariste. Vous l'avez compris, la Doom Patrol est un puissant stupéfiant, on vous aura prévenu. Bon ou bad trip, tout dépendra de votre penchant pour la folie…