L'histoire :
Une coalition extra-terrestre a attaqué la Terre et si la menace a été écartée, c'est au prix d'un lourd tribut. Une bombe a en effet provoqué d'immenses dégâts parmi les civils mais aussi les héros dont nombre se sont sacrifiés. La Doom Patrol n'y a pas échappé. Elle est même réduite à néant. Plusieurs de ses membres sont morts lors de la bataille. Niles Caulder, son fondateur, dit Le Chef, n'est pas du style à se laisser abattre. Il est clair qu'il veut d'ores et déjà refonder, une nouvelle fois, un collectif. Cela passe tout d'abord par aider les survivants à remonter la pente. Il s'appuie tout d'abord sur Joshua Clay, l'ex-soldat du Vietnam doté du pouvoir de projeter de destructrices rafales d'énergie. Cliff Steele, alias Robotman, doit quant à lui lutter contre la dépression profonde qu'il traverse. L'ex pilote de course ne se sort pas de son syndrome d’enfermement dans sa cuirasse métallique, malgré les capacités extraordinaires qu'elle lui confère. Dans le même temps, des individus manifestent d'étranges pouvoirs. C'est le cas de Kay Challis. Admise dans un hôpital psychiatrique à cause d'un trouble de la dissociation, elle présente 64 personnalités différentes. Mais ce qui la distingue encore plus, c'est qu'elle peut doter les objets de manifestations psychiques... Le Chef parviendra-t'il à fédérer à nouveau autour de lui une nouvelle Doom Patrol ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La Doom Patrol existe depuis 1963. Si les Fantastic Four de Marvel ont deux ans de moins, l'équipe de super-héros de DC. devance de trois mois une autre team née de l'imagination de Stan Lee : les X-Men ! Chez la Distinguée Concurrence, ce sont Arnold Drake et Bob Haney qui écrivent l'histoire et le succès est immédiatement au rendez-vous. Mais cinq après, l'éditeur décide d'un clap de fin et les auteurs en appellent au lectorat pour essayer d'infléchir leur sort. La fin est cependant inéluctable et elle offre même un statut culte aux personnages, puisque c'est la première fois qu'une série qui met en scène un collectif de Supers s'achève avec la mort de tous. Les années passent et l'équipe renaît en 1984, puis disparaît à nouveau, jusqu'à ressortir encore, trois ans plus tard. Le scénariste américian Paul Kupperberg enquille 18 numéros et c'est là que Grant Morrison, jeune auteur parmi la vague britsh émergente, la reprend à son compte, juste après l'event Invasion. Avec une guerre provoquée par une alliance d'ET, il a de quoi repartir à zéro, toute la communauté super-héroïque ayant été impactée. Fidèle au talent qu'on lui connaît désormais, il pose des bases cohérentes pour fonder sa démarche. En effet, ce qui caractérise depuis le départ les héros de la Doom Patrol, c'est le fait qu'ils sont des parias, des exclus. L’Écossais va amplifier cette particularité, en développant en particulier un thème qui lui tient à cœur : la souffrance et la maladie mentale. Avec lui, Robotman est tout proche du suicide et les autres personnages, qu'il invente par ailleurs, sont constamment au bord de la rupture avec la réalité, ce qui lui permet de mettre en scène leurs hallucinations. On est même parfois à la limite du psychédélique et la série se teinte d'un aspect aussi dramatique qu'inquiétant. Côté dessins, après un chapitre introductif de toute beauté puisqu'exécuté par John Byrne et qui permet au lecteur de se familiariser avec la team (Secret Origins, 1987), c'est Richard Case qui enquille les chapitres #19 à #34. Son travail est tout à fait honorable. A défaut d'être merveilleux, il confère à ses planches une lisibilité sans faille. Voilà, ces 450 pages ici compilées valent leur pesant d'Histoire des Super-Héros. Lutter, souffrir et vaincre !