Il y a des rencontres que l'on n'oublie pas. Avec Simon Bisley, disons que cela s'est passé en deux temps pour votre serviteur. La première claque fut celle des planches de Slaine, une épopée barbare et sublime écrite par Pat Mills. Un choc visuel qui sera suivi d'autres de la part de l'anglais au talent incroyable. Beaucoup plus discret ces dernières années, le dessinateur est tout de même présent lors des conventions, telles que la première édition du Paris Comics Expo, pour y rencontrer ses fans et réaliser (s'il le peut) des commissions. Et là, seconde claque. Sur son stand, l'artiste n'est guère abordable, voir quasi-insociable. Après de longues négociations, il accepte enfin de répondre à nos questions, mais seulement via notre micro. Entre les réminiscences des boissons ingurgitées la veille et son manque évident de sommeil, mener cette interview à son terme ne fut pas chose aisée. Déstabilisant au début, Simon Bisley s'est détendu en toute fin d'interview et il s'est même pris au jeu avec un chouya d'humour... avant de nous dire qu'il souhaiterait refaire cet exercice, mais en vidéo cette fois-ci ! Maintenant que nous sommes avisés sur le bonhomme, nous remettrons ça !
interview Comics
Simon Bisley
Peux-tu te présenter et nous raconter tes débuts dans les comics ?
Simon Bisley : Comment j'ai débuté dans les comics ? Wow, ça remonte à très longtemps. Un ami à moi a pris des exemples de mon travail et les a montrés aux gens du magazine 2000AD. Pat Mills les a vus et m'a demandé si je voulais un job et voilà, ça s'est passé comme ça, très rapidement.
Comment, as-tu débuté ta collaboration avec Pat Mills sur Slaine ?
Simon Bisley : C'est arrivé après avoir travaillé avec lui sur ABC Warriors, qui a été notre première collaboration donc vers la fin de mon run sur ABC Warriors il m'a demandé si je voulais travailler avec lui sur Slaine et j'ai répondu oui, c'est aussi simple que ça. C'est après avoir fini de travailler sur Slaine que je me suis vu offrir du travail chez DC Comics. Je crois que c'était sur Lobo. Tout s'est vraiment enchaîné très vite.
Peux-tu nous parler de ton travail sur Slaine ?
Simon Bisley : J'ai commencé à travailler sur Slaine tout en développant mes techniques d'illustration et de peinture. Je commençais alors juste à travailler le pinceau et on peut d'ailleurs remarquer des changements dans mon style, à l'époque.
Que penses-tu des autres illustrateurs qui ont travaillé depuis sur Slaine, de leurs styles ?
Simon Bisley : J'ai voulu me distinguer en optant pour un visuel à base peinture pour me distinguer des autres. J'aime beaucoup Clint Langley et ce qu'il fait.
Et quid de l'écriture ? Je pense personnellement que le scénario de Pat Mills était meilleur à l'époque de votre collaboration que par la suite...
Simon Bisley : Là je ne sais pas, je ne peux pas dire. Tu le lis avec une perspective extérieure, différente de la mienne. Je crois que chaque artiste est différent et a un caractère bien trempé, apportant sa marque à la série. Pat Mills a un caractère fort. Je ne pense pas que ma collaboration avec Pat ait été meilleure qu'une autre. Bordel, je parle de quoi, là. (NDR : il crie !) Je suis fatigué ! Laissez-moi ! Je pense que la meilleure équipe que Pat ait jamais formée a été avec Kevin O'Neill sur Marshall Law, c'était très drôle et très inventif.
Tu as ensuite collaboré avec Alan Grant sur Lobo...
Simon Bisley : Lobo c'était après Slaine, je crois ou près de la fin.
Peut-on espérer un retour de Lobo ?
Simon Bisley : Je l'espère. Ils n'ont qu'à me le demander, c'est à eux qu'il faut poser la question. Qui sait.
Qu'as-tu sorti récemment ?
Simon Bisley : Là, je travaille sur Hellblazer et sur Tower Chronicles avec Matt Wagner.
As-tu d'autres projets en cours ?
Simon Bisley : J'ai plein de choses de prévues. Rien de spécifique, surtout les Tower Chronicles, je fais aussi du travail de commande, plein de choses.
Comment caractériserais-tu ton style ? Dirais-tu qu'il unique ?
Simon Bisley : Je pense, oui. On peut aussi y voir plusieurs influences.
Comme ?
Simon Bisley : Oh, Buscema, Kirby... Plein d'artistes différents, que j'apprécie et comme il n'y a pas d'artiste que je déteste...
Et tu connais des auteurs français, des bandes dessinées ?
Simon Bisley : Oui mais je regarde un peu de tout dans les pays que je visite sans jamais chercher quoi que ce soit de spécifique. Je dois dire que tout se ressemble un peu à mes yeux, peut être parce que je porte pas assez d'intérêt à ces choses.
Y a-t-il des histoires ou des genres que tu aimerais illustrer ?
Simon Bisley : Oh oui, Frankenstein, j'aimerais le faire. Ou une histoire de Loup Garous. Des histoires d'horreur, ça me plairait.
Et une love story ?
Simon Bisley : Oui, pourquoi pas, ça peut toujours être intéressant de dessiner des femmes.
Mais pourquoi voit-on aussi peu ton travail chez les grands éditeurs comme Marvel ou DC Comics ?
Simon Bisley : Je ne sais pas. Je pense que c'est parce que je ne souhaite pas faire de séries régulières, je fais trop de choses pour assurer les délais d'une série mensuelle.
Pourtant sur le marché américain, récemment, on a pu voir que les éditeurs ont changé de politique, notamment chez Image Comics avec des one-shots...
Simon Bisley : Oui, peut être devrais-je me rendre plus disponible. C'est vrai que je ne fais pas dans les super héros, je fais toujours ces trucs un peu dingues: Slaine, Lobo,... Que des anti-héros, hein ? Tiens, Deadpool, j'aimerais bien travailler dessus.
Tu rencontres des éditeurs français ?
Simon Bisley : Oui, plein. Enfin, parce qu'ils me disent qu'ils sont éditeurs. Vu le nombre de gens que je rencontre dans les conventions, c'est sûr que je dois rencontrer des éditeurs mais souvent il ne faut pas en parler.
As-tu lu des comics récemment ?
Simon Bisley : Euuuh, non, je ne lis rien en comics.
Quelles sont tes passions ? As-tu des films favoris ?
Simon Bisley : Oh, oui, j'ai des films favoris, oui. Les films Marvel en général mais pour être spécifique : Killers, Point Blank, Nosferatu, avec Max Schreck, en 1930 ou 19-quelque chose. Les films d'horreur classique. The Thing, aussi.
Les films d'horreur récents te posent un problème ?
Simon Bisley : Ils reposent trop sur les effets spéciaux digitaux, c'est dommage. Les maquillages old school malgré leurs défauts sont toujours plus convaincants que les effets digitaux. Les possibilités sont pourtant énormes, avec les effets numériques, aujourd'hui.
As-tu vu la série The Walking Dead ?
Simon Bisley : Oui, j'en ai vu un peu. Mais je n'ai pas accroché à l'histoire. C'est toujours un peu la même connerie, un petit groupe de survivants qui se démène. Si tu vivais dans un monde infestés de zombies, quelle arme prendrais-tu ? Une seule....
Je ne sais pas...
Simon Bisley : Quelle arme, allez...
Euh...un club de golf !
Simon Bisley : Je prendrai le bouclier de Captain America. (rires). ça et la combinaison flashy, ils se barreraient tous en courant (rires). Pourquoi voudrais-tu jouer au golf dans un monde de zombies ?
C'est légal et tu peux l'avoir à la maison avant une invasion !
Simon Bisley : Qu'est-ce qu'on en a à foutre ! Je crois pas que la police va s'occuper de ton cas si tu as un flingue.
Sur notre site, on a une question spéciale qui est...
Simon Bisley : Ou des balles de tennis ! Tacatacatacataca ! Doum ! Poink Tout le monde aurait des putains de balles de tennis ! Pim ! Poum ! (NDR : Simon Bisley mime un zombie avec des balles plein la bouche). Mais ça ne marcherait qu'en été.
Si tu pouvais visiter le crâne d'un autre artiste pour en découvrir son génie, qui choisirais-tu ?
Simon Bisley : Michel-Ange.
Pour apprendre ces techniques ?
Simon Bisley : Oh non, je voudrais juste m'y trouver alors qu'il réalise la statue de David, pour le voir faire. C'est incroyable. La sculpture. Il tape sur un bloc jusqu'à ce que ça ressemble à une personne. Je trouve ça vraiment intéressant.
Et dans les auteurs de comics ?
Simon Bisley : Plusieurs, je ne sais pas. Steve Buscema, j'adore ce qu'il fait.
Et pourquoi ?
Simon Bisley : Pourquoi ? Parce que. Je choisis ce que je veux. T'es qui toi, putain ? (NDR : il se remet à tirer des balles de tennis imaginaires)
Souhaiterais-tu collaborer avec un auteur en particulier ?
Simon Bisley : J'aimerai travailler avec Frank Miller, j'aime son style. J'aimerai faire un Batman avec Miller. Ou Captain America, avec Frank aussi.
Et que penses tu de son Holy Terror, l'album tant controversé de Frank Miller ?
Simon Bisley : J'ai pas aimé.
Euh merci Simon !
Merci à Alain Delaplace pour sa traduction en mode halluciné et à Guillaume Clavières pour avoir vécu ce grand moment avec moi !