L'histoire :
Michaël Smith, humble réparateur de la compagnie de téléphone, est un garçon sans histoire, maniaque dont la vie est réglée par ses habitudes. Il fait l’amour une fois par semaine le mardi, fait attention à ne surtout pas sortir des clous. Pendant ce temps, la ville de Pacific city fait l’objet d’une vague de crimes sans précédent. Les habitants sont victimes d’un tueur sanguinaire surnommé « le mangeur de cervelles ». L’affaire semble d’autant plus perturber Michaël Smith qu’elle semble lui rappeler des souvenirs d’enfance. Le jeune homme est d’autant plus troublé qu’un homme masqué surgit au même moment pour rendre justice aux victimes du suceur de cerveaux. Cette figure silencieuse n’est autre que l’Enigme, un super-héros dont Michaël lisait les aventures quand il était enfant. Que viennent faire des personnages de comics dans un monde bien réel ? Quel rapport l’insipide Michaël entretient-il avec ces êtres sortis de l’imagination d’un auteur de comics désormais tombé dans l’oubli ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Enigma est un récit datant de 1993 enfin publié en français. Urban Comics a déjà mis à l’honneur Peter Milligan en publiant Human Target. On retrouve d’ailleurs dans Enigma l’esprit torturé et complexe de Milligan. Pas de manichéisme dans ce récit, inutile de chercher des super-héros flamboyants. Le monde d’Enigma ne comporte aucun héros. Le personnage principal, Michaël Smith est insignifiant en apparence, symbolisant chacun d’entre nous englué dans ses habitudes et une vie morne sans surprises. Ce personnage qu’on trouve aussi attachant que détestable se trouve au centre d’un récit complexe dont on ne sait trop s’il s’agit d’une réalité soudain devenue terrible et violente ou d’un rêve né de l’esprit torturé de Michaël Smith. Le scénariste Peter Milligan s’amuse à perdre le lecteur dans un récit fantastique et cynique. Tout comme le personnage, le lecteur se noie peu à peu dans les méandres de l’imagination débordante de Michaël ne sachant plus très bien si les vilains rencontrés sont réels ou font partie des fantasmes du jeune homme. On suit avec intérêt la transformation d’un jeune homme tranquille qui s’ennuie dans sa petite vie bien réglée et qui se révèle au cours du récit. Si Peter Milligan est parfois difficile à suivre, il offre ici une fable moderne, un conte philosophique sublimé par le dessin de Duncan Fegredo et surtout par le magnifique travail de coloriste de Sherilyn van Valkenburgh. L’Enigme n’est-il que le produit des désirs profonds de Michaël Smith ? La réalité est-elle bien celle qu’on croit ? Un ouvrage qu’on referme avec un sentiment de malaise et qui ne laisse pas indifférent.
