L'histoire :
Un taxi zigzague à grande vitesse à travers les rues de New-York et dépose son passager pressé devant la résidence « Les Sylves ». Ce dernier traverse alors les couloirs et grimpe les étages en trombe en direction du bureau de Bigby Wolf, responsable de la sécurité de la communauté des Fables. Jack, connu pour ses talents d'escalade de haricots magiques, vient prévenir le shérif qu'un crime horrible vient d'être commis dans l'appartement de sa petite-amie, Rose-Rouge. Cette affaire est jugée sérieuse car cette dernière est en plus la sœur de l'adjointe au maire de Fableville, à savoir une certaine Blanche-Neige. En froid depuis que Rose à coucher avec son ex le Prince Charmant, Blanche exige tout de même de participer à l'enquête malgré les réticences de Wolf. En poussant la porte de l'appartement de la prétendue victime, ils découvrent une pièce complètement dévastée et maculée d'une quantité impressionnante de sang. Le flair de l'enquêteur est catégorique : toute cette hémoglobine appartient bien à la pauvre Rose. Histoire de noircir encore un peu plus le tableau, un message inquiétant a été inscrit sur le mur : « Ils ne vécurent plus jamais heureux ».
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 2003, les premiers chapitres de la série Fables sont publiés et les auteurs remportent la même année un prix très prestigieux : le Eisner Award de la meilleure nouvelle série. Édité sous le Label Vertigo, le scénariste Bill Willingham a la judicieuse idée d'imaginer des histoires utilisant le large vivier des personnages issus des contes et légendes du monde entier. Bien évidemment, ce qui fait la saveur unique de ces récits, c'est le décalage total entre l'image que nous avons dans notre inconscient collectif de cette ribambelle de personnages et la transformation opérée par le scénariste. Transposés dans le monde des « communs », ils ont désormais des jobs, des loyers à payer et des travers bien humains qui égratignent l'image d'Épinal à la Disney. Clairement destiné à un public adulte, le récit à la fois irrévérencieux et construit comme un thriller fantastique, fait la part belle à de délicieux hommages envers la littérature. Visuellement, le dessinateur Anglais Mark Buckingham réalise une prestation de haute volée avec ce trait réaliste très caractéristique des auteurs Vertigo d'outre-manche comme Dave Gibbons ou Brian Bolland. Chaque planche est incroyable et fourmille d'une tonne de détails qui représentent clairement une masse de travail considérable. Petite cerise sur le Cheesecake, les magnifiques couvertures sont réalisées par le talentueux James Jean. L'éditeur Urban incorpore donc logiquement cette série dans son nouveau catalogue en petit format « Nomad » et l'expérience de lecture est vraiment positive. La qualité est donc au rendez-vous aussi bien sur le fond que sur la forme avec un rapport qualité prix imbattable. On pourrait presque croire aux contes de fées...