L'histoire :
Nous sommes au 26e siècle, suite à un incident nucléaire ayant décimé la côte est, les États-Unis sont devenus un lieu de déchéance où la misère sociale est d’autant plus forte que seuls quelques-uns se partagent les richesses. En premier lieu, le nouveau Pape Eminence III qui profite du désespoir de ses ouailles pour assoir son autorité tyrannique et spolier son peuple, sans hésiter à employer la manière forte à coups de tortures et autres meurtres sanglants. Quand il y a misère et désespoir, la drogue n’est jamais loin et celle qui fait fureur parmi les pauvres hères n’est autre que la Grendel, une substance puissante qui doit son nom à cet esprit démoniaque disparu. Dans cet univers de débauche, un homme va se dresser et tenter de dénoncer les malversations du Pape : Orion Assante. Il sera aidé en cela par le Grendel qui va renaitre de ses cendres et devenir son bras armé.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un premier cycle intriguant sur fond de polar et un deuxième nettement moins convaincant dans un univers techno futuriste, Matt Wagner propulse sa créature du mal dans un futur lointain post apocalyptique où le capitalisme est arrivé à son paroxysme le plus cynique. Comme on le sait Wagner a créé ce personnage de Grendel alors qu’il n’avait que 19 ans et depuis 40 ans, il continue de tisser l’univers de cet anti-héros à travers ses différentes identités. Comme dans les précédentes aventures, Wagner cherche à casser les codes de la narration et ce troisième recueil va encore plus loin dans ces expérimentations, quitte à laisser le lecteur sur le bas-côté au fil des pages. En effet ce tome débute plutôt bien par trois courtes histoires mettant en scène différents protagonistes de ce monde désolé, en ne nous donnant accès qu’à leurs pensées. Tous les dialogues annexes ne sont qu’éructations martelées, laissant échapper quelques mots comme argent, sexe, fric, pouvoir... Ensuite, Wagner nous plonge dans l’affrontement d’Orion Assante qui cherche à faire tomber le Pape Eminence III, aidé en cela par la résurrection du Grendel qui cette fois-ci n’est plus vraiment incarné, mais convoqué comme un démon. Wagner nous noie alors sous les dialogues et pensées des personnages, à tel point qu’on ne sait plus qui parle, dénonce le capitalisme et la société de consommation de façon assez puérile et on ressort épuisé de cette lecture pénible. Il n’est pas aidé en cela par ses dessinateurs car, hormis Tim Sale qui tire son épingle du jeu, Wagner s’entoure de Hannibal King, John Snyder III et Jay Geldhof aux styles datés et assez laids. Après 3 tomes, il ressort de cette série une volonté louable de Wagner de créer un univers étendu, fait de recherches narratives et visuelles mais très ancré dans les années 90 et surtout assez immature dans sa lecture politique. Il y a des comics cultes à leur époque qui, avec le temps, deviennent ringards et force est de constater que Grendel en fait malheureusement partie.