L'histoire :
Christopher Chance rend service à un de ses amis, Bruno. Son oncle Carlo est un cuisinier qui est en danger de mort pour une sombre histoire de vendetta. Chris prend l’apparence du cuistot et fait le ménage. Carlo est sauvé mais il sollicite à nouveau l’aide de Chris. Cette fois, ce n’est pas pour lui mais pour un prêtre ami à lui : le père Mike. Chris accepte d’aller le rejoindre à l’église pour rencontrer son ami mais il déteste les églises, les croix et tout type de religion. Alors que le prêtre est occupé à distribuer une soupe populaire, Carlo lui explique ce qui se passe : Mike est un père progressiste qui défend tous les types d’unions et les souffrants. Du coup, l’évêque voit ses interventions d’un mauvais œil. Depuis qu’il célèbre les unions pour tous, il est menacé et on a déjà attenté à sa vie. Pris par la conversation, Chris ne se rend pas compte qu’un homme en capuche se rapproche du groupe. L’inconnu sort une arme de sa poche et tire plusieurs coups de feu. Carlo meurt sur le coup, recevant les balles qui étaient destinées à son ami Mike. Carlo fait une dernière volonté avant de mourir : Chris doit aider le prêtre et le sauver du danger qui le menace. La cible humaine n’a pas d’autres choix : il doit accepter la mission et se faire passer pour un homme d’église…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Urban Comics sort la suite et fin des aventures de Christopher Chance, la cible humaine. Cet agent très spécial protège ses clients en endossant leur identité : pour régler les problèmes, autant servir d’appât en prenant la place de l’homme menacé ! Après un premier tome et un florilège d’histoires psychologiques et particulièrement tortueuses, Peter Milligan revient à des histoires courtes plus faciles d’accès et moins tarabiscotées. Elles n’en sont pas moins efficaces et l’auteur décline à l’envie toute la thématique de l’effet de surprise. En effet, le lecteur ne sait plus très bien qui est qui et les chutes sont souvent magistrales d’intelligence et d’inventivité. L’espace d’un instant, on a même cru que Chance allait se déguiser en… femme ! Chaque histoire est un petit bijou d’originalité et de trouvailles étonnantes. Le roi du déguisement va vivre des aventures incroyables et va souvent découvrir qu’il n’est pas le seul à se cacher derrière un masque. Même si beaucoup ne se changent pas en quelqu’un d’autre, peu de personnes montrent leur vrai visage. A ce titre, Chris va faire de terribles découvertes. Habilement, les auteurs abordent des thèmes modernes et qui obsèdent la société américaine : la pédophilie dans la religion, les attentats terroristes, le racisme qui en découle… La dernière histoire est malheureusement décevante. La tension devient moins forte et les intrigues moins originales quand Milligan s’acharne à décrire la vie éclatée de Chance. A ce titre, le retour de son ancien élève Tom mc Fadden donne lieu à des péripéties spectaculaires mais pas franchement crédibles. L’originalité se fait alors stéréotype quand Tom endosse l’identité de Chance et que l’on a deux cibles humaines qui ne savent plus qui est qui. Le volume souffre aussi d’un changement récurent de dessinateurs et les nouveaux artistes ont du mal à faire oublier Javier Pulido. Le dessin est bien moins sombre et réaliste qu’auparavant et diminue le suspense distillé par Milligan. L’ensemble reste toutefois un récit policier magistral et profondément moderne.
