L'histoire :
Dans un monde parallèle au nôtre, Superman est aux anges : Lois vient de lui annoncer qu'ils attendaient un enfant. Alors qu'il discute avec Batman, venu à Metropolis enquêter sur un vol commis dans les labos STAR, le détective lui déclare avoir deviné la nouvelle à son seul comportement inhabituel. Tout semble aller pour le mieux. Hélas, alors que Jimmy Olsen et Loïs, sur la piste d'un tuyau reçu par cette dernière, pénètrent dans un entrepôt afin d'enquêter sur une histoire de pots-de-vin, Jimmy est abattu d'une balle en pleine tête par une figure masquée qui se révèle être le Joker, accompagné de Harley Quinn. Le criminel enlève alors Loïs et il faut peu de temps pour que Superman, Batman et le reste de la Ligue de Justice ne se mettent à sa recherche. Mais ce que Clark ne sait pas, c'est que le vol commis dans les labos STAR concernait de la kryptonite et qu'en même temps, Ichabod Crane a été retrouvé mort dans son laboratoire clandestin. Ignorant ces éléments et ce qu'ils pourraient impliquer, Superman retrouve la trace de Loïs qui se trouve à bord d'un sous-marin...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Conçue au départ comme un prologue au jeu vidéo éponyme, Injustice s'est révélé être un petit phénomène éditorial au sein de DC Comics. Voué à ne durer qu'un nombre très limités de numéros, distribués digitalement, Injustice a rencontré un tel succès auprès du public qu'elle est devenue une série à part entière, se prolongeant au-delà de sa durée initialement prévue et visant désormais à couvrir les cinq années séparant les premiers numéros des événements du jeu. Le concept pourrait se résumer à celui d'un What If ? funeste vouant les héros du roster DC à s'opposer les uns aux autres. D'un côté les supporters et alliés d'un Superman devenu paranoïaque et ultra-autoritaire et de l'autre ceux préférant que les humains continuent à décider de leur destin, quand bien même ils ne semblent pas très doués pour cela. Le résultat fait penser au Civil War ou aux Ultimates de Marvel, en plus sombre et en nettement plus violent. Au scénario, Tom Taylor (Earth 2 mais aussi Superior Iron-Man) fait ce qu'il peut, étant donné les contraintes, et on voit quand même ici et là quelques jolies inspirations comme un passage associant Harley Quinn et Green Arrow. Les caractérisations des personnages correspondent souvent bien aux archétypes (à l'exception de Batman qui oscille entre monolithisme et hystérie) et certains seconds couteaux tels que Harley ou même ce bon vieil Alfred ont droit à leur moment de gloire. Mais les contraintes initiales du projet - conclure sur l'intrigue du jeu - obligent clairement Taylor à privilégier des rebondissements et des procédés un peu incongrus (Une bonne partie des super héros accepte sans broncher les frasques crypto-fascistes de Superman, le Joker devient subitement chirurgien d'élite, etc) voire, parfois, une mise en scène à la truelle (quelques jours de déprime et une barbe de type fatigué font de Superman un autre homme, il ne manque plus qu'une bouteille de scotch). Les trépas de certains personnages sont atterrants (sans spoiler quoi que ce soit, on frôle les Darwin awards) et certaines planches ou cases sombrent dans le gore un peu puéril - désormais une habitude chez DC Comics -. Pour les illustrations, si l'on retrouve Jheremy Raapack, dont le travail sur World of Warcraft : Bloodsworn nous avait séduits, l'ensemble est l'oeuvre d'un collectif d'artistes et la qualité varie entre le bon et le moins bon et ce malgré un travail supplémentaire sur l'encrage et la colorisation qui a été effectué par DC au moment d'éditer la version papier. Le public américain a accueilli très favorablement Injustice et c'est sûrement dû à deux qualités qu'on doit lui reconnaître: la simplicité et l'efficacité de son intrigue d'une part et aussi la mise en scène bien fichue d'un grand nombre de héros et de vilains de l'univers DC. Soit deux choses que l'éditeur a toujours de la peine à combiner. Sorti du pitch initial (Superman pète un boulon), l'ensemble se veut sombre mais assez réaliste (pour un comics): pas de manipulation mentale, pas de kryptonite rouge ou verte à pois roses pour expliquer le comportement de l'homme d'acier, etc. Le résultat est un comics qui pâtit nécessairement si on le compare avec d'autres titres plus "fréquentables" mais qui reste quand même une bonne barre de fun décomplexée (Taylor s'autorisant quelques pointes d'humour assez bienvenues). Il est à noter qu'à partir de l'année deux (déjà sortie aux Etats-Unis), les illustrations aussi bien que le scénario bénéficient d'un plus grand soin. Alors soyez prévenus, les supers enlèvent les gants et ça va saigner ! A noter que la première édition de l'album contient le jeu vidéo sur PC.