L'histoire :
Batman roule à vive allure à travers une circulation dense à la poursuite d'un puissant camion qui tracte une maison. Lancé tel une énorme boule de bowling, ce dernier détruit tout sur son passage sans le moindre scrupule et des hommes lourdement armés sont chargés de dissuader le justicier masqué d'intervenir. La rumeur dit que ces bandits profitent du transport de leur volumineuse cargaison afin de voler des cadavres et les exfiltrer hors de Gotham . Alors qu'il réussit à prendre possession du chargement, il découvre alors avec stupéfaction un cadavre de lui-même étendu dans un caisson. L'autopsie confirme bien que le cadavre est celui de Bruce Wayne… mais celui d'un autre monde dans lequel le héros aurait emprunté d'autres chemins de vie. Pour Batman, le message est limpide : son pire cauchemar est de retour.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il ne s'en cache pas : Scott Snyder affectionne tout particulièrement le genre horrifique. On se souviendra notamment de Wytches réalisé déjà en association avec l'artiste Jock. Il se délecte à l'idée de plonger profondément les mains dans les tréfonds de la noirceur de l'âme humaine et en révéler les monstres qui y rôdent. Dans le prolongement des événements de Batman Métal, il construit un récit qui met en avant deux personnages très charismatiques apparu lors de cette histoire : le Batman qui rit et le Grim Knight. Désormais le temps des combats cosmiques à travers le Multivers Noir est terminé. Le terrain de jeu a changé et le combat se déroule à présent dans les rues de Gotham et les deux vilains sont bien décidé à faire vivre un enfer à leur alter ego et à ses alliés. Snyder construit comme à son habitude une intrigue des plus complexes avec des rebondissements parfaitement distillés et on se délecte de la qualité des dialogues du scénariste. Il ne prend pas de pincettes avec son héros qu'il malmène et pousse sans cesse au point de rupture jusqu'à ce que ce dernier remette en question sa nature profonde. Est-ce qu'au final l'ennemi ultime de Batman ne serait pas tout simplement lui-même ? Le graphisme sombre de Jock va à l'essentiel sans la moindre fioriture et capte avec justesse l'atmosphère pesante voulu par Snyder. On notera le magnifique interlude visuel d'Eduardo Risso dont le travail en couleur direct fait des merveilles. On regrettera cependant les effets de changements de couleurs des lettrages de certaines bulles qui rendent parfois la lecture complexe. Clairement, rarement un récit sur Batman n'aura été aussi dérangeant et désespéré. Avec Snyder, noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir !