L'histoire :
Lex Luthor passe une sale journée. Impossible pour lui de se balader dans les rues de sa ville de Métropolis sans tomber sur l'image de Superman. Cet être venu d'une autre planète lui a véritablement dérobé l'adulation qui aurait du lui revenir et tout ce qu'il voit le rappelle à son "bon" souvenir... C'est au détour de la une d'un journal abandonné que Lex trouve l'idée, celle qui va lui permettre à son tour de pourrir l'existence de Superman: Lex va se présenter aux présidentielles américaines. Pour cela et en plus de sa fortune, il va entreprendre de monter une machine de guerre politique. Ainsi, son premier mouvement sur l'échiquier va consister à s'entourer des personnes nécessaires. Ainsi, son co-listier ne sera nul autre que Pete Ross, ancien sénateur (et, accessoirement, grand ami de Clark Kent) et ce afin de se donner une image populaire. Pour ce qui est du côté plus obscur de son affaire, Lex va ensuite placer la propre fille de Ras Al Ghul, Talia, à la tête de la LexCorp. Mais certaines questions restent: que va faire Superman et, surtout, que pourrait-il bien y faire ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si Lex Luthor a presque toujours su se poser comme la première et dernière ligne de "défense" de l'Humanité contre Superman, il a jusqu'alors été tenu en échec par ce dernier qui a toujours su remporter tous les suffrages. Mais que va bien pouvoir faire Superman si son ennemi juré devient l'incarnation même des lois qu'il s'est toujours juré de défendre ? Voilà la question à laquelle Président Lex Luthor va tenter de nous apporter une réponse en nous présentant sous un jour nouveau les divers événements et autres intrigues ayant parsemés la campagne électorale du magnat de Metropolis. Malheureusement, Président Lex Luthor, en condensant la campagne électorale de Lex et en regroupant ce qui a pu en transpirer dans les diverses parutions de l'époque, se heurte à un mur : celui de la lisibilité. En effet, le recueil est composé de nombreux (et, parfois très courts - 2 ou 3 pages) extraits provenant de titres comme Superman, Action Comics, Adventures of Superman et autres. Le résultat est un ensemble d'histoires aux styles artistiques et narratifs si différents et donc un un peu déconcertants. De plus, les fans du Lex Luthor Man of Steel de Brian Azzarello en seront pour leurs frais car si ce dernier avait conquis les lecteurs en dépeignant l'ennemi de Superman comme un être humain, ni bon ni mauvais mais compromis dans ses choix par sa détermination infaillible à défaire le kryptonien, le Lex Luthor dépeint dans cette saga est surtout un égomaniaque dénué de toute morale. Plus proche de Francis Underwood (le héros de la série House of Cards) que de ses références passées, Luthor perd l'empathie que le lecteur pouvait alors éprouver pour lui et, pour contrebalancer l'ensemble, le récit se recentre rapidement sur Superman et surtout sur les réactions de celui-ci vis-à-vis de l'accession au pouvoir de sa Némésis. Bien sûr, cela permet quelques morceaux de bravoures tels que cette aventure où Superman voit ce que serait l'avenir s'il venait à s'effacer devant Lex Luthor ou encore celle où le héros rend visite, pour Noël, à ses collègues de la Ligue de Justice, l'occasion pour lui de distribuer des cadeaux amusant tout en permettant aux autres héros de le rassurer et de lui expliquer pourquoi il se doit de continuer à s'opposer à Luthor. Mais cela reste trop juste et ce ne sont pas les interventions des Jeunes Titans (dépeints comme une belle bande d'idiots) ou encore de Bizzaro (attendez vous à devoir faire encore beaucoup d'efforts pour comprendre les dialogues) qui changeront cela, malgré le talent de Jeph Loeb et de Greg Rucka - l'un préférant une ambiance comics à l'ancienne mettant en avant Smallville et la Ligue de Justice, l'autre instaurant une ambiance d'espionnage et de machination. L'aspect le plus gênant étant sans nul doute l'évocation de multiples intrigues dont on ne connait pas la résolution. En effet, si celles-ci étaient les intrigues principales au moment de la parution des numéros originaux, elles sont devenues, du fait du focus effectué sur la campagne de Lex, complètement secondaires et demeurent irrésolues. On notera de belles performances des différents artistes impliqués tels que Matthew Clark (Doom Patrol, Outsiders), Ed McGuinness (Empereur Joker, Nova) ou Tony Harris (Iron Man, Ex-Machina), entre autres et auxquels on ne peut reprocher que d'être trop rapidement alternés, ne laissant pas le temps au lecteur d'apprécier chaque artiste (même si McGuinness occupe une place prépondérante). Une saga recomposée certes alléchante mais qui présente hélas le défaut de manquer cruellement d'homogénéité tandis que son propos s'éloigne trop de son sujet éponyme.