L'histoire :
1961, Cap Carnaveral. Le professeur Donald Pembrook se rend sur place et cela fait longtemps qu’il n’y était pas venu. Il s'y rend pour le projet Pen Cap, un projet top secret mais il n’en sait pas plus. Cependant, la base a l’air bien déserte. Il finit par rencontrer un scientifique et lui demande où se passera la réunion. Son interlocuteur éclate de rire : il n’y aura plus de réunion avant longtemps et Pen Cap est juste une mission de nettoyage. Loin du nouveau programme spatial auquel s’attendait le professeur, il doit simplement ranger et remballer tout rapidement. Tout l’équipement qui pourrait avoir un intérêt militaire doit être récupéré : le reste sera ensuite jeté à la décharge et les locaux revendus. Le professeur a beau protester, il n’a que trois jours pour réaliser cette tâche. C’est en rangeant les tonnes de paperasses qu’il tombe sur un document étrange, une information qui pourrait être une véritable bombe. Donald téléphone au général Taibot qui l’a envoyé à cette mission des plus particulières. Il essaie d’avoir un semblant d’explications mais rien n’y fait. C’est alors qu’il lui révèle ce qu’il a trouvé : des transmissions radio indiquent quelque chose d’étrange lors de la dernière mission spatiale envoyée à Jupiter. Il semblerait que les deux primates Abel et Baker avaient des signes vitaux tous les deux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le duo Jeff Lemire/ Andrea Sorrentino multiplie les projets ou les séries. Après avoir plongé dans l’âme tourmentée du Joker puis avoir exploré la peur à Gideon Falls, on nous embarque désormais dans l’espace, un thème cher à Lemire. Comme souvent chez le scénariste canadien, on est déboussolé d’entrée de jeu avec un récit morcelé et totalement intriguant. Avec un jeu subtil de temporalité, on découvre petit à petit une puissante histoire sous fond de guerre froide et de course à l’espace. Mais Lemire sait toujours se renouveler et ajouter une touche forte d’originalité à chacun de ses récits et cette fois, ce n’est pas seulement le temps qui se tord et se déforme mais ce sont aussi les lieux avec une plongée totalement folle hors de la Terre. On peut faire confiance au style unique de Sorrentino pour ouvrir notre esprit et nous transporter dans l’Univers avec des planches totalement éclatées, des cases infiniment grandes ou infiniment petites qui se décomposent jusqu’à disparaître. Pourtant, son graphisme est beaucoup moins sombre et inquiétant que d’habitude. Sorrentino joue cette fois habilement entre deux extrêmes avec un style plutôt réaliste et sobre quand l’action a lieu sur Terre puis un véritable déchaînement visuel et psychédélique quand on est transporté dans l’espace. On regrette un peu que l’ensemble soit aussi court mais la puissance narrative et visuelle garantit un moment unique de lecture. Quelques passages sont même pleins de sensibilité, à la limite du déchirement. Comme une sorte de fable à la George Orwell, Lemire et Sorrentino font une ode vibrante à l’animal victime de la fureur bestiale de l’homme…
