L'histoire :
A la fin de l'année 2019, pour Noël plus précisément, la société de production Ophis s'apprête à lancer sa nouvelle émission de télé-réalité intitulée J2. Celle-ci fait d'emblée polémique un peu partout dans le monde, puisqu'elle mettra en scène le premier clone de l'Histoire, celui de Jésus Christ, réalisé d'après des cellules du suaire. Un casting eut lieu pour recruter la nouvelle vierge qui accouchera de l'enfant. Le choix s'est porté sur Gwen Fairling, une jeune femme qui subira diverses opérations esthétiques pour mieux convenir aux besoins télévisuels. Le producteur Slate s'est entouré du Dr Sarah Epstein, une spécialiste de la génétique, de Tim, un spécialiste de la logistique et de Thomas McKael, un chef de la sécurité aux méthodes expéditives et qui serait un ancien membre actif de l'IRA. Les débats font rage dans les médias et l'association de la Nouvelle Amérique Chrétienne mobilise tous les pieux du pays. Les débuts du programme se passent dans une certaine tension...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Urban Comics a eu le nez creux en faisant découvrir aux lecteurs français le talent de Sean Murphy. Ce jeune artiste s'est forgé, en l'espace de quelques albums, une réputation de dessinateur hors pair. Pourtant, en parallèle des histoires qu'il illustre pour des noms prestigieux (Grant Morrison, Scott Snyder), l'artiste aime écrire ses propres récits. Avec Off Road, il a montré en 2005 sa capacité à diriger un projet entièrement et avec une qualité insolente. En 2012, Punk Rock Jesus sort enfin aux USA. Après plusieurs années d'élaboration, Sean Murphy offre aux lecteurs une saga en six parties qui se déroule dans un futur proche où les ravages de la télé-réalité ont poussé certains producteurs à aller toujours plus loin, en imaginant la diffusion d'un show mettant un scène le clone de Jesus Christ ! Avec cette base, l'auteur va progressivement introduire plusieurs personnages. De la généticienne au garde du corps, tous ont leur importance et un caractère bien défini. Thomas McKael, le chef de la sécurité, a un lourd passé et permet à Sean Murphy d'évoquer un thème qui lui est cher, celui de l'IRA (l'Armée Républicaine Irlandaise). Cette nouvelle critique s'ajoute à celle de la dérive des médias mais surtout à celle de la religion. Punk Rock Jesus est un véritable pamphlet anti-clérical et un hymne à la liberté. La musique joue un rôle sous-jacent pendant une bonne partie de l'album. Elle trouve cependant une véritable place dans le discours et la façon de comprendre le point de vue de l'artiste. Contrairement à Off Road, qui s'attachait à prendre son temps lors de certaines scènes, Punk Rock Jesus a un côté nerveux, presque frénétique. Les rebondissements s'enchainent et ne laissent aucun temps mort à ses protagonistes, comme au spectateur coupable qu'est le lecteur. L'énergie qui transpire de ce récit ne vous fera pas lâcher l'album avant une fin qui paraîtra peut être prévisible pour certains, mais d'une logique implacable. Sean Murphy a voulu peaufiner son histoire comme jamais et il lui offre des planches totalement incroyables. Son trait est d'une minutie épatante et dans un style bien personnel. Véritable critique d'une société ampoulée dans ses excès religieux, politiques et culturels, Punk Rock Jesus fout un coup de pied dans la fourmilière ou plus simplement dans les "bollocks" des bien-pensants. Des diseurs de bonne conduite plus extrêmes qui sont en réalité des moralistes à la petite semaine. Ce ne sont pas les récentes manifestations pour tous et contre tout qui nous contrediront...
