L'histoire :
Brody Island dans le Maine : ses terres tranquilles, sa mer à perte de vue et sa campagne sauvage. M. et Mme Marshall ont hâte d’être dans la maison de location. Il faut dire qu’elle a tout pour séduire puisqu’elle est grande et en bord de mer. Quand le couple arrive, le propriétaire les accueille avec gentillesse. Il leur fait visiter les lieux : tout est pensé pour qu’ils ne manquent de rien. Dans le hangar, il y a même un bateau, un magnifique Bertram 28 Flybridge avec un moteur de 350 chevaux. Idéal pour pêcher sans compter qu’il y a tout le matériel nécessaire pour attraper du poisson. Cependant, il les met en garde car un grand requin blanc rôde dans les parages et le maire Washington a fermé les plages à cause de lui. Ce dernier a bien tenté de chasser le requin mais cela fait trois semaines qu’il échappe à la traque. En ville, ils auront tout ce qu’il faut pour s’alimenter. M. Marshall a remarqué le bar l’Essex et voudrait savoir si l’on peut s’y amuser. Le propriétaire répond tout net que l’endroit est mal famé et qu’ils feraient bien de ne pas trop y traîner. D’ailleurs, le shérif ne fait vraiment rien pour arranger les choses et faire du ménage bien au contraire puisqu’il boit régulièrement là-bas avec de véritables truands à motos. Charmante bourgade mais les Marshall n’ont pas l’air d’être inquiets pour autant. Ils sont là pour en profiter et rien ni personne ne pourra gâcher leur séjour...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Basketful of heads avait marqué les esprits par son côté déjanté et délicieusement horrifique. On s’attendait à ce que ce récit s’arrête sur ce one shot en forme de perle noire rare mais visiblement, DC veut remettre le couvert (ensanglanté). L’équipe artistique change totalement et on doit reconnaître qu’on était plutôt sceptique tant il est difficile de proposer autre chose. Pourtant, Rio Youers tient la dragée haute à Joe Hill et reprend l’intrigue à son compte en libérant les chevaux (de l’apocalypse). Le début annonce la couleur (rouge sang) avec un carnage qui rappelle l’attaque dans la maison Clausen dans le premier tome. On se dit qu’on va encore s’en prendre plein la tête (c’est le cas de le dire) et qu’on va à nouveau assister à une nouvelle page horrifique de haut niveau. Youers réalise le tour de force de reprendre le concept de base tout en proposant autre chose et en y rajoutant sa patte pleine de violence et d’actions décomplexées. L’idée de rajouter trois autres artefacts à la hache viking rajoute une profondeur à l’ensemble et permet d’aller encore plus loin dans l’originalité et l’inventivité quasi frénétique de cette série décidément pas comme les autres. C’est gore, c’est trash, c’est complètement barré mais qu’est-ce que c’est bon ! Résultat : plus de salopards psychopathes, plus de sang qui gicle, plus de tripes et de cervelles qui dégoulinent, plus de têtes qui volent, plus de moments surprenants et de rebondissements ébouriffants. Ce qui est dingue dans tout ça, c’est que la série repose sur une idée qui ne tient pas debout (tout comme les têtes des personnages qui ne tiennent pas sur leur cou) et qu’elle n’est qu’un enchaînement de trouvailles abracadabrantesques et malsaines. Pourtant, les auteurs trouvent un délicat équilibre et plutôt que de se vautrer dans le gore insoutenable ou la violence gratuite, ils inventent un génial récit d’horreur à la puissance rarement égalée. Il en va de même pour le dessin de Tom Fowler. Si l’on passe le premier ressenti face à un graphisme en apparence brouillon et bordélique, on plonge dans un déluge de violence et de gore jouissif finalement bien plus créatif qu’il n’y parait. Halloween c’est dépassé : venez plutôt à Brody Island vous payer une bonne tranche !