L'histoire :
Le sort est bien souvent un chemin mystérieux qui s'impose au sujet. A moins que les choix que l'on fait soient ceux qui déterminent notre destin. Adam Osidis est directement concerné par ce questionnement. Depuis des décennies, sa contrée est sous la coupe de Garils, le Dieu des Murmures. Le pacte qu'il propose est tentant pour les créatures humaines : il a le pouvoir d'exaucer un vœu, en échange, il pourra voir à travers les yeux de ceux qui ont accepté. Refuser équivaut à une mise au ban de la société, Garils étant aussi expert dans l'art de manipuler les uns et les autres, les «acceptant» se dressant alors contre ceux qui ont refusé. Le père d'Adam, Zeb, est arrivé à cette dernière extrémité. Refusant de céder à la pression de la promesse de Garlis, il a entraîné la malédiction sur toute sa famille et en premier rang, celle qui frappe son fils. A la mort de son père, Adam pense qu'il lui appartient de réparer l'erreur commise par le chef de famille mais il s'engage sur une voie impossible...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rick Remender signe avec Seven to eternity une saga dans laquelle il mêle SF et heroïc-fantasy sur un fond dramatique. Si le premier volume avait créé un effet de surprise, la suite nous avait amèrement déçus. Alors ce troisième volet synthétise à la fois les points forts et les faiblesses de la série. Autant commencer à valoriser ce qui ne peut que l'être : le visuel. Jerome Opeña effectue un travail d'une beauté incroyable. La finesse de son trait, ses cadrages, les décors merveilleux qui ornent chaque case sont l'atout majeur de la série. A son dessin, dont l'élégance rappelle un Moeb, s'ajoutent les couleurs de Matt Hollingworth, qui apportent définitivement quelque chose de magique à cet univers. Malheureusement, la structure narrative continue à nous laisser sceptique. Comme toutes les sagas, il y a évidemment des temps forts et d'autres moins mais il faut aussi se résoudre à avouer que le scénario tombe dans un rythme binaire qui peut s'avérer lassant : une scène d'action, une scène de palabres... Et le risque, à vouloir verser dans l'épique et le drame, c'est de faire aussi dans le grandiloquent. Ajoutez que bien souvent, la fresque verse dans le symbolisme et parfois, on n'est vraiment pas loin d'une morale mièvre assortie de banalités affligeantes («Tout le monde t'aime, quand tu gagnes. L'important, c'est de ne pas oublier qui était là dans les moments difficiles»). Alors Seven to eternity a le plus beau des écrins avec un artiste de la trempe de Jerome Opeña, mais à nos yeux, la série souffre d'une ambition dont l'écriture ne se révèle pas à la hauteur. L'exotisme, l'originalité et donc la richesse d'un univers sont là mais Rick Remender ne parvient toujours pas à nous convaincre, ni donc à nous attacher au triste sort de cet Adam Osidis. Ce qui sauve ce volume, c'est son rythme, car il est rempli d'actions magnifiquement mises en images. La dernière partie de cette aventure sauvera-t'elle l'ensemble ?