L'histoire :
Plus les jours passent et plus la voix du Soldat Inconnu semble envahir chaque pensée de l'ex-docteur Moses Lwanga. Son choix est fait désormais : il veut s'impliquer plus encore dans cette guerre qui ravage l'Ouganda depuis qu'il est enfant, qu'il a fuit un temps en se réfugiant aux USA et contre laquelle il lutte depuis plusieurs années à travers son ONG. Mais que faire de plus ? La réponse viendra d'un groupe de terroristes avec lequel il va se retrouver en contact. Ces gens sont bien décidés à obliger un monde indifférent à regarder leur désespoir en face... Et pour cela, ils ont une idée folle : assassiner la star de cinéma Margaret Wells, en mission pour l'UNICEF dans le pays...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le Soldat Inconnu fait partie de cette nouvelle génération de Comics qui refuse de décaler la réalité en y implantant des super-héros, mais préfère mettre les mains directement dans le cambouis en parlant de notre Monde tel qu'il est trop souvent : cruel, pour ne pas dire carrément désespérant. Le Soldat est une une œuvre dure et je vous conseille de l'aborder l'estomac bien accroché. On parle ici de la guerre, mais surtout on la montre. On y voit du sang, des morts réduits en bouillie et des vivants stigmatisés dans leurs chairs et dans leurs âmes... Certains sont des enfants, enlevés à leurs familles et contraints de devenir soldats, d'autres sont des adultes ayant perdu tout sens de la mesure et des valeurs à force de désespoir, d'endoctrinement ou d'égoïsme. Que faire en temps de guerre, face à tant d'atrocités ? La compassion peut-elle suffire quand c'est la vie d'une multitude d'enfants qui est en jeu, quand les instances internationales ne prêtent aucune attention à ce qui se passe et s'assurent un peu de bonne conscience à coup de Casques Bleus impuissants et de star du show-biz recueillant des dons pour les réfugiés ? Doit-on à son tour prendre les armes et opposer à l'horreur une violence toute aussi grande ? Peut-on le faire sans y perdre son âme et l'amour de celle qui nous chérissait ? Voilà quelques unes des nombreuses questions que nous pose Joshua Dysart, scénariste qui était présent sur le terrain au moment de cette guerre absurde et qui pourtant se défend d'avoir fait autre chose qu'une œuvre de pure distraction. Il a tort, car c'est là son grand talent : nous proposer de nombreuses pistes de réflexion en glissant le tout dans un vrai thriller, à la tension constante et aux voix multiples, où personnages et actions merveilleusement menées nous plongent dans l'esprit d'un pays en guerre et des êtres qui s'y voient engloutis. Le tout est mis en images avec rage et un sens parfait du rythme par Alberto Ponticelli, qui retrouve dans son trait la vigueur et l'âpreté de son sujet. Du grand spectacle, finement écrit malgré la brutalité du propos, qu'on emporte avec soi bien au-delà de la lecture.